Aboutir à l'organisation d'un référendum qui puisse garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination La fin de mandat de l'ancien numéro un des Nations unies signe probablement la fin de mission de son représentant personnel pour le Sahara occidental. Une nouvelle ère s'ouvre pour la question sahraouie. Elle ne semble, pourtant, pas annonciatrice d'une issue, heureuse, qui puisse aboutir à l'organisation d'un référendum qui puisse garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination comme le stipulent les différentes résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Son nouveau secrétaire général n'a-t-il pas déclaré: «Je ne suis pas un faiseur de miracles.» De nombreux conflits secouent la planète, à commencer par la question palestinienne. En ce qui concerne le Sahara occidental, il va falloir commencer par mettre les deux parties en conflit autour d'une même table. Ce qu'est parvenu à faire l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental en neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York. Sans progrès notoire. Depuis, c'est l'impasse. Christopher Ross n'est plus en odeur de sainteté au Maroc. Rabat a décidé et a été jusqu'à lui retirer sa confiance de façon unilatérale. Le Maroc avait jugé qu'il avait franchi la ligne jaune. Ses déclarations ont été qualifiées de «partiales et déséquilibrées». «Les comportements contrastés de M.Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait indiqué un communiqué du gouvernement marocain au mois de mai 2012. «M.Ross s'est éloigné du mandat qui lui a été confié par le secrétaire général de l'ONU en sa qualité de facilitateur et qui consiste à aider les parties à parvenir à une solution politique», avait ajouté Youssef Amrani, ministre délégué marocain aux Affaires étrangères à l'époque. Le rapport du diplomate américain présenté au Conseil de sécurité a déclenché l'ire du Palais royal. Qu'a-t-il donc écrit? Le document faisait état de l'extraction d'aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). «J'ai présenté dans mon rapport (examiné par le Conseil de sécurité, Ndlr) une série de défis qui démontrent que la Minurso n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance, de maintien de la paix et d'observation ni ne dispose de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement de son rôle...», avait déclaré l'ex-SG de l'ONU, le 17 avril 2012. Un crime de lèse-majesté. Celui qui n'épouse pas ses thèses ou qui remet en cause la «marocanité» du Sahara occidental est déclaré comme son ennemi et persona non grata sur le territoire chérifien. La guerre est déclarée. Christopher Ross sera désormais dans le collimateur du souverain marocain. Il sera à nouveau la cible d'une campagne d'une férocité sans précédent après que Ban Ki-moon ait annoncé son retour dans la région. «J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois», avait déclaré Ban, le SG de l'ONU, le 4 novembre 2015, à partir de New York. La réaction du pouvoir marocain a été brutale. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait répliqué le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE en marge de la visite de Mohammed VI à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où il avait célébré le 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental. De fil en aiguille c'est une guerre totale que le souverain marocain décrétera à l'Organisation des Nations unies. Mohammed VI décidera d'expulser la composante civile de la Minurso après que Ban Ki-moon ait qualifié la présence marocaine d' «occupation» lors de la visite qu'il a effectuée, dans la région, au mois de mars 2016. Le mandat du SG de l'ONU a pris fin officiellement le 1er janvier 2017. Christopher Ross lui survivra-t-il? Il est probable que l'arrivée d'Antonio Guterres à la tête de l'Organisation des Nations unies signe sa fin de mission...