Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, dit la crainte de la Turquie de voir le cessez-le-feu voler en éclats La Turquie qui tient au réchauffement de ses relations avec Moscou ne va pas céder en si bon chemin et Mevlüt Cavusoglu a annoncé hier que des représentants russes sont attendus en Turquie les 9 et 10 janvier pour discuter des pourparlers d'Astana. Comme on l'appréhendait, des groupes rebelles qui ont sans doute été contraints de souscrire à l'accord conclu sous l'égide de la Russie et de la Turquie pour une trêve qui serait le prélude à des pourparlers entre l'opposition et les autorités de Damas, viennent d'annoncer leur retrait du processus au motif que l'armée syrienne aurait procédé à plusieurs attaques contre leurs camps. Ces «violations répétées du cessez-le-feu» menacent de torpiller les pourparlers de paix prévus au Kazakhstan, a même déclaré hier la Turquie, invitant expressément l'Iran à faire pression sur Damas et les milices chiites pour les faire cesser. «Si nous n'arrivons pas à stopper les violations croissantes du cessez-le-feu, le processus d'Astana pourrait échouer», a averti le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, cité par l'agence de presse pro gouvernementale Anadolu. La Turquie et la Russie, parrains de l'accord de cessez-le-feu en Syrie, préparent activement un sommet entre le gouvernement Assad et l'opposition prévu dans la capitale du Kazakhstan. «Quand nous regardons qui commet ces violations, nous voyons que c'est le Hezbollah, en particulier, les groupes chiites et le régime (d'Assad)», a dénoncé M. Cavusoglu en appelant Téhéran à agir sans délai pour protéger un accord visiblement fragile. Salué par le Conseil de sécurité de l'ONU, l'accord russo-turc est donc contesté par une dizaine de groupes rebelles syriens, sans compter le fait que les éléments de l'Etat islamique et ceux d'Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, en sont exclus. Cette manoeuvre était prévisible dans la mesure où les groupes en question obéissent à des injonctions et des intérêts autres que syriens, intérêts dont les commanditaires voient d'un mauvais oeil la réunion prévue fin janvier à Astana, au Kazakhstan. Ce qui revient à dire que les discussions envisagées en février à Genève, sous l'égide de l'ONU, sont d'ores et déjà hypothéquées. Mais la Turquie qui tient au réchauffement de ses relations avec Moscou ne va pas céder en si bon chemin et Mevlüt Cavusoglu a annoncé hier que des représentants russes sont attendus en Turquie les 9 et 10 janvier pour discuter des pourparlers d'Astana. Un sommet dont on pense qu'il aurait lieu le 23 janvier, selon le ministre turc. Il faut souligner, d'ailleurs, que, depuis l'entrée en vigueur de la trêve, les violences ont pratiquement cessé dans la plupart des régions, excepté Idleb et quelques poches tenues par al Nosra. Les combats qui ont lieu dans la localité rebelle de Wadi Barada, un secteur clé où se trouvent les principales sources d'approvisionnement en eau potable pour les quatre millions d'habitants de Damas et de ses environs, sont dus à de récentes provocations que des groupes hostiles aux pourparlers ont multiplié depuis quelques jours, allant jusqu'à tenter l'empoisonnement des ressources. Située à quinze kilomètres de Damas, la localité de Wadi Barada est une position stratégique qui risque effectivement de compromettre le processus tenté par la Russie et la Turquie, avec le soutien de l'Iran, un processus dont rien ne prouve qu'il est accueilli favorablement par certains pays membres de la coalition internationale et notamment les pays du Conseil consultatif du Golfe.