«Alors que le pays souffre d'une grande crise, le pouvoir en place nous propose un placebo, qui s'appelle les élections.» Le parti de Talaie El Houriyet de Ali Benflis a mis un trait définitif sur les élections prochaines. Les 508 membres du comité central, réunis hier, à huis clos, à l'occasion de sa troisième session ordinaire, ont voté à l'unanimité en faveur du boycott des élections prochaines. Le comité central est la dernière instance à avaliser cette option, qui fut la tendance des consultations des bureaux communaux et territoriaux du parti ainsi que le choix du secrétariat national et du bureau politique. Le comité central auquel le parti a soumis le document synthétisé des consultations locales et quatre autres rapports, il y a quelques semaines, concernant entre autres, la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays, les conditions politiques, juridiques et institutionnelles dans lesquelles sont appelés à intervenir les prochains rendez-vous électoraux, a tranché, hier, en faveur du boycott à l'issue de son débat général. Ces rapports ont été élaborés par le secrétariat national, enrichis et approuvés par le bureau politique. Dans son discours d'ouverture des travaux de la troisième session du comité central, Ali Benflis, qui n'avait de cessé de plaider pour le boycott, a souligné que «le mal profond dont souffre notre pays étant connu, nous nous serions attendus à ce que le régime politique en place nous propose un remède adapté à sa gravité. Or ce qu'il nous propose c'est un placebo et ce placebo s'appelle les élections», a-t-il affirmé. «Cette manière de faire ne nous surprend pas car nous savons et toutes les Algériennes et tous les Algériens savent avec nous que la priorité des priorités pour le régime politique en place est sa pérennité et sa survie et face à cette priorité-là, tout le reste passe au second plan», a-t-il estimé. «Il n'y a qu'une seule stratégie qui a fait la réputation du régime politique en place et dont il maîtrise parfaitement tous les rouages: c'est la stratégie du passage en force, de la fuite en avant et de la diversion. C'est cette stratégie qui est à l'oeuvre avec ces élections que l'on s'échine à nous présenter comme une opération normale. Devant se dérouler dans un pays en situation normale», a-t-il ajouté. Sur le plan économique, il a regretté que «lorsque son parti parle d'une crise économique dont le traitement est à l'abandon, le régime politique le traite de nihiliste, dont le passe-temps favori est de semer l'angoisse et la peur dans les coeurs de citoyens». En fait s'est-il interrogé: «Les citoyens ne savent-ils pas que la crise économique en est à sa troisième année sans que ne lui soit opposé une prise en charge et un traitement adaptés, convaincants et crédibles, que le régime a eu entre les mains près de 1000 milliards de dollars sans pouvoir bâtir une économie saine, dynamique et productrice? Les citoyens ne savent-ils pas que les ressources financières du FRR sont épuisées, que les réserves de changes du pays se dirigent vers le même assèchement à raison d'une diminution de plus de 25 milliards de dollars annuellement, que la mise en conformité fiscale qui n'est que le nom d'emprunt d'une amnistie fiscale et le nom de code d'un blanchiment d'argent douteux a-t-il échoué dans les grandes largeurs?. Savent-ils que la réduction de près de moitié du budget d'équipement sur la période 2015/2017 va coûter la perte de centaines de milliers de postes d'emploi? D'après Benflis, les citoyens savent: que «la brutale escalade fiscale va porter des coups sévères à leur pouvoir d'achat, la dévaluation du dinar va entraîner un renchérissement du coût de la vie, que les classes moyennes et les couches les plus vulnérables sont les cibles de ce matraquage fiscal alors même que sont épargnées les fortunes colossales amassées par les clientèles gâtées du régime politique et par tous ceux auxquels il assure un accès privilégié aux sources nourricières de la rente». «Ils savent que le régime détourne soigneusement son regard des véritables gisements de ressources financières dont il n'entend toujours pas importuner les détenteurs: ils sont notamment dans l'évasion fiscale, dans la fuite des capitaux, dans toutes les formes de fraude au commerce extérieur, ils sont dans la corruption et ils sont dans la surévaluation des projets.»