"L'impasse politique totale que nourrit une crise de régime avérée met le pays dans les conditions les moins propices (...) au traitement de la crise socioéconomique d'une extrême gravité à laquelle il est confronté", estime le parti de l'ancien chef de gouvernement. Le bureau politique du parti d'Ali Benflis, Talaie El-Houriyet, qui a tenu sa réunion mensuelle, hier à Alger, a relevé que "cette année encore, la rentrée sociale s'effectue dans le contexte de la persistance de l'impasse politique, de l'aggravation de la crise économique et de l'accumulation des signes annonciateurs d'une déstabilisation sociale du pays". Dans un communiqué rendu public, le parti de l'ancien chef de gouvernement a constaté "avec préoccupation" que "le régime politique en place entretient l'impasse politique actuelle et nourrit son aggravation continue". Le bureau politique de Talaie El-Houriyet a estimé aussi que "dans ce contexte, si les intérêts étroits du régime politique en place s'accommodent du déni de la réalité de cette impasse politique, celle-ci heurte, en revanche, frontalement les intérêts de la nation tout entière qui voit s'accumuler devant elle des défis politiques, économiques et sociaux toujours plus grands sans être mise en position de les relever avec détermination, confiance et espoir". Il ajoute que "c'est dans le contexte de cet autisme politique, du déni de la réalité d'une crise de régime et d'une stratégie de fuite en avant dans laquelle le régime politique croit avoir trouvé le moyen de sa survie, que s'explique le regain de vigueur avec lequel ce régime s'affaire à restreindre le champ des droits et des libertés, à dénaturer la pratique politique pluraliste, à imposer à l'opposition politique nationale une véritable politique de contraintes et à se préparer à donner un nouveau souffle à la tricherie politique et à la fraude électorale qui représentent un enjeu vital pour la reconduction du régime politique en place et pour sa survie". Ce pourquoi le parti d'Ali Benflis pense que "la réalité d'une impasse politique totale que nourrit une crise de régime avérée met le pays dans les conditions les moins propices à la prise en charge et au traitement de la crise socio-économique d'une extrême gravité à laquelle il est confronté". De ce point de vue, poursuit-il, "le bureau politique a renouvelé sa conviction qu'il serait illusoire et vain d'attendre le règlement de cette crise sans précédent d'une gouvernance illégitime, non représentative et en perte notoire de crédibilité et de confiance". Il rappelle, à ce propos, que "plus de deux années après le déclenchement de cette crise, la gouvernance en place a fait l'abondante démonstration de ce qu'elle n'est pas à la hauteur de l'ampleur et de la sensibilité de cette crise, de ce que la volonté et le courage politique, qu'elle exige, lui font défaut et de ce que le système politique en place et l'état de dégradation avancée dans lequel il se trouve sont, en eux-mêmes, des obstacles majeurs à la croissance économique et au développement social du pays". Par ailleurs, le bureau politique a exprimé, dans le même communiqué, "son étonnement légitime quant à l'opacité totale avec laquelle les pouvoirs publics continuent à entourer le nouveau modèle de croissance qui a été annoncé, mais dont le contenu réel semble compter parmi les secrets d'Etat les mieux gardés". Il est d'ailleurs souligné qu'"outre l'annonce très tardive de ce nouveau modèle de croissance - s'il existe - et du mystère qui l'entoure, le bureau politique a constaté la persistance de la gouvernance actuelle à privilégier une approche purement comptable de la crise économique sans l'adosser à un traitement structurel des profonds dysfonctionnements de l'économie nationale qui trouvent leur origine dans le système politique lui-même et dans sa nature rentière, clientéliste, népotique et prédatrice de la richesse nationale". Ainsi, à Talaie El-Houriyet, on considère que "faute d'un plan anticrise adopté à temps dès 2014 et après avoir constaté l'échec patent de la mise en conformité fiscale qui n'est que le nom d'emprunt d'une amnistie fiscale déguisée de même qu'après que l'emprunt national a vu sa portée se réduire à une ponction sur les ressources des institutions bancaires et des entreprises publiques, la gouvernance en place semble continuer à céder à la facilité du renforcement de la pression fiscale sur les catégories sociales les plus défavorisées alors même qu'une sorte d'immunité semble être assurée à la sphère économique informelle, à la fraude au commerce extérieur, à l'évasion fiscale des gros contribuables, à la fuite des capitaux et à la grande criminalité financière que n'a pas refrénée la grande crise économique et financière que connaît le pays". Une manière de dire que "l'impasse politique actuelle et la grave crise socioéconomique que le pays peine à surmonter sont indissolublement liées". Synthèse : Mehdi Mehenni