Le bras de fer public entre le prochain président des Etats-Unis et les services sur lesquels il aura une autorité totale dans deux semaines se poursuit, avec la déclassification vendredi (..) d'un rapport expurgé de 25 pages étayant cette thèse de la main de Moscou dans le scrutin. Le président élu Donald Trump a admis Vendredi soir les piratages contre le parti démocrate, à l'issue d'une rencontre avec les chefs du renseignement américain, mais il n'est pas allé jusqu'à endosser leur thèse d'une ingérence russe à son profit dans l'élection du 8 novembre. Le bras de fer public entre le prochain président des Etats-Unis et les services sur lesquels il aura une autorité totale dans deux semaines se poursuit, avec la déclassification vendredi après-midi d'un rapport expurgé de 25 pages étayant cette thèse de la main de Moscou dans le scrutin, des accusations que le Kremlin rejette. «Le président russe Vladimir Poutine a ordonné une campagne d'influence» visant à favoriser l'élection de Donald Trump et à discréditer la campagne électorale d'Hillary Clinton, conclut le renseignement dans ce document, élaboré sur la base d'informations recueillies par le FBI, la CIA et la NSA. Le but de la campagne russe était de «dénigrer Mme Clinton, et de nuire à sa capacité à être élue et à sa présidence potentielle», conclut le rapport, qui n'apporte pas de preuve tangible ni d'informations sur les écoutes que les agences américaines ont elles-mêmes menées pour parvenir à ces conclusions. «Poutine voulait très probablement discréditer Mme Clinton car il l'accuse publiquement depuis 2011 d'avoir incité à de grandes manifestations contre son régime fin 2011 et début 2012», quand elle était chef de la diplomatie, soutient-il. Moscou «appliquera les leçons apprises» dans cette campagne pour influencer les élections dans d'autres pays, avertit également le rapport. Des emails piratés du parti démocrate et d'un proche d'Hillary Clinton ont été diffusés sur Internet, notamment par Wikileaks avant l'élection, déstabilisant la candidate démocrate. Le site de Julian Assange a réaffirmé vendredi que ses sources dans cette affaire n'étaient «pas étatiques». Outre les piratages, le rapport dénonce la «propagande» russe, y compris sur les réseaux sociaux par l'intermédiaire de «trolls» rémunérés, pour saper la confiance dans le gouvernement américain. Il consacre pas moins de 7 pages à la chaîne d'Etat russe Russia Today (RT) et à sa couverture «constamment négative» d'Hillary Clinton. Le document rendu public vendredi est amputé de ses informations sensibles, mais Donald Trump a pu prendre connaissance de la version complète lors de sa réunion avec les chefs espions du pays. Dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion, le républicain a reconnu que les Etats-Unis, dont le parti démocrate, étaient la cible continue de tentatives d'incursions informatiques. Mais s'il a cité la Russie comme l'un des pirates présumés, ce n'était que parmi une liste de malfaiteurs incluant aussi «la Chine, d'autres pays, des groupes et individus extérieurs». «Il n'y a eu absolument aucun impact sur le résultat de l'élection», a-t-il insisté. Il a reconnu qu'il y avait eu des tentatives de pirater le parti républicain mais a assuré que ce parti «avait mis en place des défenses fortes» et que les pirates avaient «échoué». Les chefs espions estiment eux que la Russie est parvenue à pirater le parti républicain mais «n'a pas mené de campagne similaire de divulgation» de ces données. Le successeur de Barack Obama a promis de mettre fin aux cyberattaques et demandé à ses futures équipes de lui soumettre un plan dans les 90 jours suivant sa prestation de serment, le 20 janvier. M.Obama, qui avait commandé ce rapport d'enquête sur la campagne électorale, a affirmé que les Russes «ont tenté de s'immiscer» dans la présidentielle, mais a mis en garde contre toute exploitation partisane, dans l'extrait d'une interview à la chaîne ABC. «Nous sommes dans la même équipe. Et Vladimir Poutine n'est pas dans notre équipe». Exprimant l'avis de nombreux élus républicains, Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, s'est saisi du rapport pour accuser la Russie d'avoir «à l'évidence essayé de s'ingérer dans notre système politique». Mais il a souligné l'absence de preuves de manipulation des systèmes électoraux eux-mêmes, mettant en garde contre l'exploitation du rapport «pour délégitimer la victoire du président élu». Le débat aux Etats-Unis sur l'ingérence supposée de la Russie dans l'élection américaine est devenu une controverse hautement politique depuis deux mois. Barack Obama a sanctionné la Russie en expulsant 35 diplomates considérés comme des espions, mais Donald Trump estime que l'affaire est une «chasse aux sorcières politique» destinée à l'affaiblir politiquement. Dans une volonté apparente de calmer le jeu, le président élu a toutefois qualifié de «constructive» sa rencontre avec James Comey, directeur du FBI, John Brennan (CIA), l'amiral Michael Rogers (NSA), ainsi que le directeur du renseignement, James Clapper, et exprimé son «respect pour le travail des hommes et des femmes» du renseignement.