Le siège du FLN S'appuyer sur un Parlement représentatif et légitime est un élément dont le gouvernement ne devrait pas se passer. Le FLN, perturbé par les nouvelles dispositions prises par le gouvernement et par l'ampleur de la crise dont il porte grandement la responsabilité, s'agite et donne l'air d'être déterminé à rester la première force politique et remporter haut la main les prochaines élections législatives. En effet, le nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, a envoyé une instruction aux secrétaires de toutes les mouhafadhas pour les exhorter à geler toutes leurs activités, excepté les recrutements de militants et s'occuper exclusivement de la préparation des échéances électorales qui arrivent. «Il faut geler toutes les dispositions organiques au niveau de toutes les instances et structures du parti, à l'exception des opérations de recrutement des militants. Il faut respecter la hiérarchie dans toute procédure de saisine des instances du parti et respecter les prérogatives de chacune d'entre elles. Il faut faire des prochaines échéances électorales la principale et unique préoccupation de tous les militants et à tous les niveaux», a-t-il recommandé en assurant que «tout responsable ou militant enfreignant ces instructions est passible de sanction». Djamel Ould Abbès a également appelé l'ensemble des cadres du parti à veiller scrupuleusement à l'application de cette instruction. Cette démarche préventive et rigoureuse dans la préparation des élections, pour banal qu'elle paraisse, reste néanmoins nouvelle dans les moeurs politiques en vigueur au sein du FLN. En effet, par le passé, l'ex-parti unique ne se souciait nullement de ce type de considérations dans sa démarche. Sûrs d'eux-mêmes et de leur aptitude à gagner, les militants ne se sont jamais inquiétés de leur score. Même après les législatives de 1997 qui ont été remportées par le RND, le FLN n'a affiché aucune appréhension quant à l'amenuisement de sa base électorale. De fait, cette sortie de Djamel Ould Abbès suscite moult interrogations, surtout que le FLN est aujourd'hui de loin le parti majoritaire dans toutes les assemblées élues. Qu'est-ce qui fait peur au FLN? Dans son instruction, Djamel Ould Abbès ne cite personne et se contente d'appeler à une mobilisation sans faille des rangs du parti. Néanmoins, les prises de bec récentes qu'il a eues avec le RND, notamment avant le départ de Amar Saâdani et les tirs croisés qu'il a échangés avec ce parti, laissent croire que le FLN n'est plus l'unique béquille sur laquelle compte vraiment le pouvoir. En ces temps de crise, le système algérien ne peut plus se permettre le luxe de satisfaire ses lubies en apportant son soutien à tel ou tel parti. La situation est en effet si difficile, de l'aveu même du président de la République et du Premier ministre, qu'il n'est plus possible de se permettre des erreurs, y compris les plus anodines. Par conséquent, s'appuyer sur un Parlement représentatif et légitime est un élément dont le gouvernement ne devrait pas se passer. Aussi, susurre-t-on ça et là que les prochaines élections, législatives et locales, vont se dérouler loin des ingérences administratives et du «piston» médiatique dont bénéficient les partis au pouvoir. Bien plus, on assure même que la victoire, qui est jusque-là l'apanage des partis proches du pouvoirs, ne se joue pas seulement entre le FLN et le RND. Cette fois-ci, promet-on, il n'est pas exclu que des partis de l'opposition se retrouvent en position de force au sein des assemblées élues, y compris au sein de l'APN et du Sénat. C'est cette promesse d'un retour progressif, à partir des prochaines législatives, à la légitimité de l'urne dont le verdict ne peut être connu d'avance, qui fait peur au FLN. Ainsi donc, après avoir réussi à gagner la confiance des frondeurs, notamment Abdelkrim Abada, Kassa Aïssi et Salah Goudjil et les faire rentrer dans les rangs, Djamel Ould Abbès essaie de désamorcer les crises de mécontentement qui couve depuis des mois au sein de son parti en appelant l'ensemble des militants à se mobiliser pour la préparation des échéances électorales qui approchent, mais aussi en faisant prévaloir son pouvoir de sanction sur les éléments rétifs à la discipline partisane. Pour précision, en tant que première force politique du pays qui contrôle la quasi-totalité du gouvernement, le FLN partage largement la responsabilité de la crise que vit le pays aujourd'hui, d'autant plus qu'il a lui-même revendiqué le pilotage de l'Exécutif. De ce fait, après la chute des prix du pétrole et le cortège d'incertitudes qu'elle a entraîné, il a une peur bleue de l'urne qui l'a violemment sanctionné en 1991. La mise en place de l'Instance indépendante de surveillance et de contrôle des élections, bien que critiquée par l'opposition, gêne énormément le FLN qui y voit plus qu'une concession faite à l'opposition, une menace pour son hégémonie.