Des réseaux organisés «en grappe» difficilement identifiables mais très efficaces dans l'action. Les services de sécurité de Sa Majesté ont confirmé la présence au Maroc d'éléments d'Al Qaîda et des talibans, a rapporté, hier, la presse locale. El Ahdadh El Maghribiya, citant des sources policières, précise que près de 250 éléments d'Al Qaîda et des talibans afghans, qui ont pu s'échapper des maillages sécuritaires américains en Afghanistan et au Pakistan, viennent de s'infiltrer sur le sol marocain. La présence d'un nombre aussi important d'islamistes djihadistes au Maroc a déjà fait réagir les autorités marocaines. Les ministres marocains de l'Intérieur et de la Justice viennent de donner le feu vert pour commencer les recherches partout dans le pays et de procéder aux écoutes téléphoniques afin d'intercepter tout contact susceptible de mettre les services sur une piste sérieuse. C'est-à-dire qu'à l'heure actuelle, aucune information concrète n'a été enregistrée et aucune capture n'a été opérée, bien que des directives avaient été déjà données aux différents services de police et aux procureurs généraux pour parer à toute éventualité. Selon la presse marocaine, c'est par le biais d'aveux faits par d'anciens détenus marocains à Guantanamo, que les tuyaux ont été donnés à la police marocaine. Les autorités marocaines ont été informées de la présence d'éléments d'Al Qaîda et des talibans par l'intermédiaire des services secrets occidentaux en charge du dossier du terrorisme. L'Agence Presse Service cite qu'au lendemain des attentats de mai 2003 à Casablanca, des experts du FBI américain, dépêchés au Maroc, avaient déjà donné l'alerte contre les réseaux dormants de l'organisation Al Qaîda, fortement soupçonnée à l'époque d'avoir planifié les attentats terroristes. A l'époque, on s'en souvient, plusieurs membres de la cellule marocaine d'Al Qaîda, dont deux Saoudiens, ont été arrêtés et extradés en 2004 vers Riyad, alors que la police marocaine commençait le démantèlement d'un vaste réseau des éléments de la Salafiya djihadiya, d'obédience transnationale elle aussi, arrêtant des dizaines d'activistes et soupçonnant un autre millier d'en faire partie. Un rapport des services marocains a estimé, lors de la dernière conférence internationale sur le terrorisme à Riyad, que la menace terroriste est toujours présente au Maroc, et plusieurs opérations de recherche et de démantèlement se poursuit dans les milieux de la Salafiya djihadiya, largement implantée dans les milieux suburbains et déshérités du Royaume chérifien. Des villes comme Fès, Meknès, Casablanca, Rabat et Mohamedia comptent dans leurs proches périphéries et dans les taudis miséreux qui viennent se greffer autour des villes, de véritables toiles d'araignée de l'islamisme djihadiste. Au moins 4500 personnes ont été arrêtées au Maroc dans le cadre de l'enquête sur la tendance Salafiya djihadiya depuis les attentats de Casablanca qui ont fait 45 morts et plus d'une centaine de blessés, et à ce jour, des dizaines de membres de la Salafiya emplissent les prisons marocaines. Dans la commune d'Al Hassaniya, près de Mohamedia, les services de sécurité marocains ont arrêté, la semaine dernière, sept présumés terroristes qui préparaient des attentats à l'explosif, mais au moins douze dangereux terroristes appartenant au Groupe islamique combattant marocain (Gicm), dont Abdelkrim El-Mejjati et Saâd El-Hassani, deux experts en explosifs, sont toujours en fuite et activement recherchés pour leur implication directe dans les attentats de Casablanca. Les autorités marocaines font face, depuis quelques années, à de véritables «réseaux dans les réseaux», difficilement identifiables mais très efficaces quand il s'agit de passer à l'action. Les attentats du 11 mars 2003 à Madrid, où les djihadistes marocains ont démontré toute leur «puissance de feu», compliquent encore plus l'existence des services secrets marocains, confrontés à des nébuleuses très hermétiques.