Les implications juridiques de cet arrêt seront désastreuses pour le Maroc Dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie, publié hier, l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles est certain que le jugement rendu par les magistrats européens aura un impact sur la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine. Le Maroc n'en mène pas large et fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il est dans de beaux draps. Amar Belani en fait la démonstration. Les conséquences de la décision de la Cour de justice de l'UE représentent un véritable séisme politique pour le Royaume. Ses répliques ont anéanti son rêve de «Sahara marocain», ses desseins annexionnistes et son retour au sein de la famille africaine est de facto compromis s'il ne change pas de position vis-à-vis du Sahara occidental. Dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie, publié hier, l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles est certain que le jugement rendu par les magistrats européens aura un impact sur la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine. «C'est loin d'être acquis - le Maroc ne serait que le 55ème Etat membre de l'UA et son éventuelle adhésion sera conditionnée par son acceptation formelle des critères et des principes consignés dans l'Acte constitutif de l'UA (notamment l'acceptation et le respect des frontières héritées du colonialisme) et elle ne se fera certainement pas au détriment de la Rasd qui est un Etat fondateur de l'Union africaine.», a répondu l'ex-porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui souligne que l'arrêt de la Cour européenne de justice est une défaite politique sévère pour le Maroc. «Cet arrêt constitue une défaite politique sévère pour le Maroc et ses implications juridiques et politiques sont énormes», fait-il constater. Pourquoi? «S'inscrivant dans le droit fil de la Charte des Nations unies et de ses dispositions sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ainsi que sur l'exercice du droit à l'autodétermination, qui a été réaffirmé avec force par la Cour internationale de justice en 1975, cet arrêt dispose que le territoire du Sahara occidental a un statut séparé et distinct et que le Maroc n'a pas et ne peut prétendre à aucune espèce de souveraineté sur ce territoire autonome», explique le diplomate algérien. Quelle lecture doit-on en faire? «Il convient de relever qu'au regard de l'Arrêt, le Maroc est et doit être considéré comme une puissance d'occupation et que la fiction commode de ' puissance administrante de facto» derrière laquelle s'abritait l'Union européenne, ne tient plus la route puisque elle est désormais catégoriquement récusée par la cour», explique-t-il. Il est donc incontestable que les cartes viennent d'être redistribuées. La donne est sans ambages en faveur du Front Polisario. Une victoire diplomatique et juridique éclatante dont Amar Belani a été «la cheville ouvrière», souligne le journaliste d'Afrique Asie qui l'interviewait. Elle ouvre désormais toute grande la porte au droit légitime du peuple sahraoui à s'exprimer librement quant à son indépendance à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination comme le stipulent les nombreuses résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le jugement de la Cjue conforte cette option. Amar Belani va encore plus loin et met en exergue le caractère d' «indu occupant» du Maroc. «L'arrêt (de la Cour de justice de l'UE Ndlr)...va au-delà des considérations de l'arrêt du Tribunal de première instance du 10 décembre 2015, en ruinant définitivement la fiction d'une prétendue souveraineté marocaine sur le territoire non autonome du Sahara occidental. Tout le reste n'est que fuite en avant et lecture volontairement biaisée pour dénaturer la portée historique de cet arrêt», fait-il remarquer. C'est l'attitude adoptée par le ministère marocain des Affaires étrangères qui dans un communiqué laconique a feint d'ignorer l'essentiel de la décision de la Cjue: «Le Sahara occidental est un territoire distinct du Maroc.» Quelle est l'analyse de Belani sur la teneur de cette réaction plutôt tiède? «Les éléments de langage du communiqué trahissent en fait une gêne, voire une inquiétude, née d'une prise de conscience des implications politico-juridiques de l'arrêt de la Cour de justice européenne.», note l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles et auprès de l'Union européenne. En plus d'avoir signé le début du démantèlement du dernier bastion du colonialisme en Afrique, l'arrêt rendu par les juges de l'Union européenne risque de faire renier le Maroc qui ambitionne d'adhérer à l'UA, par sa famille d'origine. Belani aura prévenu.