Industriels, particuliers, hôteliers, promoteurs immobiliers sont dans le collimateur de l'Assemblée populaire de wilaya. L'annonce faite de l'ouverture du dossier du foncier à Béjaïa arrive à point nommé pour donner un frein sec à une spéculation effrénée qui n'a pas cessé de défrayer la chronique locale. Mais n'est-il pas déjà trop lourd si l'on considère la saturation du foncier, obstacle ayant bloqué bien des projets d'utilité publique? Pour autant, les relents du scandale sont encore dans l'air avec l'affaire du directeur de l'urbanisme et de la construction de la wilaya démis de ses fonctions. L'Etat est décidé plus que jamais à frapper fort. L'accaparement des terres n'est pas l'apanage d'une seule personne compte tenu de la convoitise. Plusieurs acteurs de choix de cette prédation se sont avérés de simples courtiers d'hommes forts tapis dans l'ombre de l'administration locale et de la pyramide de l'Etat. Une pratique encouragée par les failles d'une loi régissant le foncier mais aussi du laxisme des uns et de la complicité des autres. Il faut dire que les scandales du foncier sont quotidiennement rapportés par la presse sans que personne ne lève le petit doigt. Et lorsque les pouvoirs publics bougent, ce n'est que pour pendre de simples mesures, le plus souvent jamais suivies d'effet. La réalité, aujourd'hui, est que la dilapidation du foncier continue de faire l'affaire des trabendistes à tel point que le mètre carré à la construction est devenu inaccessible pour les citoyens de couche moyenne. Mieux, le citoyen de Béjaïa reste perplexe devant l'augmentation du prix de vente du mètre carré et s'interroge sur la facilité déconcertante avec laquelle certains s'octroient ou se font attribuer des terres. L'interrogation est d'autant plus légitime lorsque les pouvoirs publics prétextent la rareté des parcelles de terrain pour édifier des projets tels que les établissements scolaires ou encore les logements sociaux. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les promotions immobilières privées poussent comme des champignons, alors qu'à côté, un projet de logements sociaux peine à démarrer. Rien que pour cela, la justice devrait s'intéresser aux violations de la loi. Il a fallu que les plus hautes autorités de l'Etat abordent le sujet pour qu'au niveau local on passe à l'action. Mieux vaut tard que jamais, diront certains. En attendant les résultats des instructions données par les pouvoirs juridiques aux services de sécurité pour enquêter sur ses spéculations foncières, l'APW de Béjaïa qui a fait du foncier son cheval de bataille, veut pousser les choses plus loin en évoquant notamment le cas du détournement du domaine public maritime. Il faut dire que les spéculations vont bon train à ce sujet. Aussi, industriels, particuliers, hôteliers et promoteurs immobiliers sont dans le collimateur de l'Assemblée populaire de la wilaya dont les membres sont à dominante FFS. Un parti qui n'a jamais caché ses intentions de mener une guerre contre les «barons» du foncier locaux. Le livre noir, rendu public en 2000, a vu de nouveaux plans d'occupation des sols (POS), remplis de noms de bénéficiaires de lots et parcelles de terrains acquis illégalement. Plus grave encore, ce sont des terres agricoles qui sont livrées à la prédation. Les propriétaires auxquels on avait restitué les terres nationalisées, ont vite succombé à l'appétit de l'argent facile sans se soucier de la réglementation. L'intérêt accordé désormais au foncier à Béjaïa risque d'éclabousser bien des personnes, y compris dans la sphère des dirigeants. Pourvu que les choses se fassent dans l'art et la manière.