Le président de l'APC de Gué de Constantine se dit « fatigué » à cause des pressions « venues d'en haut » qu'il subit depuis son installation à la tête de cette populeuse commune banlieusarde. Sans citer nommément la ou les parties incriminées, M. Touati pointe toutefois du doigt l'inertie de la police d'urbanisme en ce qui concerne deux projets en cours de réalisation, à savoir une coopérative immobilière de plusieurs villas individuelles et un site devant abriter un centre commercial et des logements, celui-ci étant censé revenir aux ayants droit de chouhada. « J'ai saisi officiellement ces services afin qu'ils mettent fin aux travaux car les dossiers ne sont pas complets », nous a-t-il déclaré au sujet de ces deux projets tout en précisant que les promoteurs disposent néanmoins d'un permis de construire et d'un accord résultant d'une délibération de l'ancien exécutif de l'APC de Gué de Constantine. Reste, selon lui, l'accord définitif de la wilaya d'Alger qui demeure, souligne-t-il, primordial pour ficeler le dossier. « Pour moi, il y a transgression de la loi du moment que la wilaya d'Alger ne s'est pas encore prononcée sur ces sites. Le chantier doit cesser, et c'est à la police d'urbanisme d'intervenir », a-t-il ajouté. Ces deux sites, pour rappel, sont situés au cœur d'une cité résidentielle (Hay El Karasse, ex-Les Citronniers) dite des 468 Logements. L'entame du chantier qui, selon le maire, a été opérée durant son congé (août 2004) a suscité néanmoins la réaction de la population et pas moins de quatre élus, deux élus FFS et deux RND. Ces derniers crient sur tous les toits que « ces projets n'auraient jamais dû exister sans le laxisme des autorités locales ». « La raison est toute simple, il s'agit d'une dilapidation en bonne et due forme d'une aire appartenant à la collectivité locale. Les résidents de la cité s'attendaient à un centre de santé, une bibliothèque, une poste ou un centre culturel. Nous refusons qu'un bien relevant du domaine national, donc du contribuable, soit offert à des gens déjà nantis », s'écrie Samy Benhamri, élu FFS. Ses collègues que le P/APC qualifie d'ailleurs d'« éternels opposants, ne cherchant qu'à faire de la politique », n'omettent pas aussi de relever « le cas des quatre immeubles privés », édifiés, signalent-ils, dans l'enceinte même de la cité des Citronniers. « Ils ont été construits sur un terrain censé revenir à la cité des 468 Logements et ce du temps de l'ancienne APC. Ces intrus nous ont subtilisé 62 logements sociaux », renchérit une élue RND à propos de ces batisses cossues appartenant à des privés. L' « opposition » tient par ailleurs à évoquer le cas de l'école Moufdi Zakaria, un établissement scolaire en préfabriqué « rongé par la toile d'araignée ». L'école en question, qui a été fermée il y a une année à cause de son état de vétusté avancé, était vouée, sur ordre de la wilaya d'Alger, à la démolition. « Rien n'a encore été fait, et nous nous demandons à quoi est dû ce retard alors que la commune accuse un déficit chronique en ce qui concerne les infrastructures scolaires », s'interrogent ces élus. Interrogé, le P/APC atteste de son côté que cette école, « une fois démolie », retrouvera sa vocation première mais sans pour autant donner une date exacte quant au lancement du chantier. Il convient de signaler que la commune de Gué de Constantine défraie la chronique depuis plusieurs années à cause de ses nombreux scandales liés au foncier. Les élus FFS n'hésitent pas à parler d'une « maffia », prête, selon eux, à dilapider le dernier centimètre carré de la commune. « Nous interpellons le nouveau wali d'Alger à se pencher sur notre commune. Il constaterait de visu les dégâts criants à Gué de Constantine », conclut Samy Benhamri, non sans « exiger » le départ de l'actuelle équipe municipale.