C'est un véritable pavé dans la mare que vient de jeter l'Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa. A la veille de l'installation du nouveau wali, elle a mis à nu un acte de détournement de terrains publics. L'APW de Béjaïa interpelle, en effet, le wali sur «des détournements et spéculations du foncier à Béjaïa». «Le directeur de l'agence foncière de wilaya et quelques-uns des ses fonctionnaires ont accaparé un des plus beaux terrains, pouvant servir de poumon au quartier Séghir», révèle le président de l'APW de Béjaïa dans une correspondance adressée au wali et dont une copie a été rendue publique hier. Les rédacteurs du document vont jusqu'à citer nommément ou en ès qualité les bénéficiaires ainsi que les superficies des terrains détournés. Aussi, nomme-t-elle M.Adjadj Karim, actuel directeur actuel de l'agence de wilaya et ex-directeur de l'agence communale, qui «a bénéficié d'un terrain d'angle de 400 m² au prix de 170.00 da le m²». Ce terrain «est situé entre deux blocs du programme Eplf», ajoute l'APW en s'interrogeant «comment ce terrain résiduel a pu être détaché de l'assiette du projet de l'Eplf?» L'ex-architecte de l'agence locale, l'actuel responsable de l'antenne d'El Kseur, également ex-responsable juridique de l'ex-agence locale et un entrepreneur sont incriminés. Ils ont, selon le document de l'APW, bénéficié respectivement d'un lot de terrain de 300m² en bordure du boulevard de la Révolution, un terrain de 250m² en bordure de la voie pénétrante et un terrain de 200m², dont le lieu n'est pas précisé. L'APW interpelle le wali «la violation des règles éthiques et de droit», qui se matérialise aussi par d'autres graves agissements dont "la spéculation", qui s'illustre à travers «la rente avec une énorme plus-value financière» des terrains acquis précédemment. L'actuel directeur de l'agence foncière de Béjaïa vient «d'engager la réalisation d'un projet de promotion en partenariat avec un promoteur privé», souligne le P/APW. M Hamid Ferhat demande au wali de «prendre les mesures à même de prémunir cette agence et de traduire ces prédateurs sans délai devant les tribunaux». La gestion du patrimoine foncier, sujet qui fâche ces dernières années au plus haut point l'ensemble des populations de la wilaya de Béjaïa, refait donc surface dans une conjoncture d'attente d'une mutation qualitative souhaitée à travers la nomination d'un nouveau wali. «Ce dernier est interpellé au même titre que son prédécesseur sur la question», a tenu à préciser hier le président de l'APW de Béjaïa. Le premier responsable de l'organe délibérant de la wilaya de Béjaïa, issu de la majorité FFS, relance le scandale foncier révélé il y a quelques années dans le «Livre» noir du FFS. «La mafia du foncier» est une réalité à Béjaïa. Partis politiques, mouvements associatifs et simples citoyens l'ont toujours dénoncée en désignant ouvertement l'administration des domaines publics, les agences dites de gestion et de régulation du périmètre urbain, les promoteurs immobiliers et les assemblées élues d'être derrière le «trafic qui caractérise la gestion de cette ressource». Dans son fameux «Livre noir du foncier», le FFS a identifié avec précision «ce cercle du clientélisme et du détournement». La dilapidation des biens publics et privés sur fond de pressions multiples, harcèlements judiciaires et autres persécutions sont légion à Béjaïa et les citoyens ne trouvent toujours par d'oreille attentive auprès d'une administration lestée par une trop lourde bureaucratie dissuadant de tout recours. L'argument de l'utilité publique n'est jamais brandi pour débloquer la situation du dédoublement des nationales 09 et 12, mais souvent pour l'accaparement des terrains.