Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a fait savoir que la patience de son peuple a des limites. Alors que la ministre sud-africaine des Affaires étrangères rend visite aujourd'hui - pour la première fois - aux camps des réfugiés sahraouis dans la wilaya de Tindouf, après la reconnaissance par son gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), le 15 septembre 2004, son homologue sahraoui, lui, a appelé, hier, la communauté internationale «à prendre ses responsabilités vis-à-vis du règlement de la crise» et a fait savoir, dans ce sens, que «la patience du peuple sahraoui a des limites». Façon de laisser entendre que toutes les voies aptes à aboutir à l'indépendance de l'ancienne colonie espagnole sont les bienvenues. Dans un point de presse qu'il a animé dans le camp des réfugiés de Laâyoune, Mohamed Salem Essalek a saisi cette occasion, qui intervient à quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, à la fin avril, pour rappeler les engagements des autorités sahraouies dans le cadre des accords signés à Houston, mais aussi les actions entreprises, telles que la proclamation du cessez-le-feu, les concessions militaro-administratives au gouvernement du Maroc et ce, assure le diplomate, pour permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit connu et reconnu à l'autodétermination par la voie du référendum mentionné dans le plan Baker signé par la partie marocaine, mais refusé, l'année précédente, par l'actuel souverain Mohammed VI. Justement, le Maroc, ajoute le chef de la diplomatie sahraouie, se trouve sous les pressions accrues de la communauté internationale, dans de mauvais draps, même s'il s'obstine dans son refus à reconnaître aux Sahraouis leur droit à l'autodétermination. «Avec le vent des réformes qui souffle sur l'ONU, la Ligue arabe... avec le GMO (Grand Moyen-Orient), le Maroc se retrouve de plus en plus isolé sur la scène parce qu'il est dans une situation antidémocratique», explique M.Salem aux yeux de qui il ne pourrait y avoir d'autre issue en dehors de celle initiée sous l'égide des Nations unies. Par ailleurs, au sujet de la visite de Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre sud-africaine des Affaires étrangères, la diplomate sahraouie a fait valoir que cette occasion témoigne des relations étroites, marquées par une solidarité sans faille, qui unissent les deux pays. D'ailleurs, M.Salem n'a pas manqué d'user de flashes-back sur la genèse de ces relations en rappelant le soutien apporté par le Front Polisario à l'ANC, à l'époque de l'apartheid. Au moment où, dit-il, le royaume chérifien entretenait une sympathie apparente au gouvernement raciste de l'Afrique du Sud au séjour de Mme Zuma au camp des réfugiés, les autorités sahraouies entendent obtenir un «soutien politique et diplomatique à leur cause». «C'est un pays qui représente un grand poids aussi bien sur le plan continental qu'international», soutient le conférencier. Le gouvernement sud-africain avait, rappelle-t-on, en septembre dernier, annoncé la reconnaissance officielle de la Rasd autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario. Les deux pays ont, par conséquent, établi des relations diplomatiques. La délégation sud-africaine, conduite par Mme Zuma, qui sera reçue cet après-midi par le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, profitera de son séjour pour peaufiner le programme d'aide dans plusieurs secteurs d'activité, dont l'éducation, la santé...