La ministre sud-africain des Affaires étrangères a indiqué que son pays n'est pas contre le Maroc. La chaleur suffocante et les rafales de vent de sable qui balaient la région de Tindouf depuis quelques jours, n'ont pu dissuader la ministre sud-africaine des Affaires étrangères d'entamer, dans les règles de l'usage protocolaire, la visite qu'elle a effectuée, jeudi 7 avril, dans les principaux camps de réfugiés de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Ainsi, pour marquer le soutien indéfectible - après la reconnaissance officielle de la Rasd le 15 septembre 2004 - de son gouvernement au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, comme stipulé dans le plan Baker notamment, Mme Nkosazana Dlamini Zuma a prononcé à Smara un important discours de solidarité au point de provoquer l'admiration, non seulement de l'assistance, mais celle aussi des officiels sahraouis présents en force aux côtés du Premier ministre Abdelkader Taleb Omar. Car cette dernière, sans nuances ni détours, a appelé la communauté internationale au respect des accords conclus sous l'égide de l'ONU, dans lesquels le droit des Sahraouis à décider de leur sort a été mentionné. Et le soutien, Mme Zuma le souhaite tant sur le plan continental qu'international. Elle a toutefois reconnu le retard que son pays avait mis pour la reconnaissance officielle et diplomatique du gouvernement sahraoui, mais a vite fait de donner les raisons qui ont poussé Pretoria à une telle prudence. «Nous avons, depuis 1994, tenté, à plusieurs reprises, d'établir des relations diplomatiques avec la Rasd, mais nous avons dû y renoncer à chaque fois car de nombreux pays et même le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, nous ont demandé d'ajourner notre décision au jour de l'organisation du référendum», explique Mme Zuma. Mais comme l'application du plan Baker piétine, «nous avons décidé alors d'officialiser nos relations», a-t-elle ajouté. Non sans avoir, au préalable, tenu à rassurer quant à la détermination du gouvernement sud-africain à poursuivre les efforts en vue de trouver une issue à la léthargie actuelle, la diplomate a indiqué qu'elle continuera à discuter avec les autorités marocaines pour convaincre celles-ci de la justesse des accords internationaux que ce pays avait pourtant entérinés. «Nous ne sommes pas contre le Maroc. Ce que nous voulons, c'est que le peuple sahraoui puisse décider seul de son devenir», a-t-elle souligné. Evoquant, par ailleurs, le rôle de l'Algérie dans le combat des Sahraouis pour leur liberté et le soutien de ce pays au plan de paix international, la conférencière, sur un ton anecdotique, a rappelé qu'au temps de l'apartheid, les autorités algériennes avaient ouvert les portes du pays aux résistants sud-africains pour les entraînements militaires. Après avoir été reçue au siège de la présidence de la Rasd à Rabouni par le président Mohamed Abdelaziz, et quelque temps avant, à Smara, par le Premier ministre, Mme Zuma a animé, dans l'après-midi, une conférence de presse au cours de laquelle elle est revenue sur la genèse et l'évolution des relations entre les deux pays. Elle a, à cet effet, réitéré la disposition de Pretoria à oeuvrer dans le sens du renforcement des relations bilatérales. Cela passe, selon elle, par l'élargissement de la coopération à tous les secteurs d'activité. D'ailleurs, sur la base du mémorandum d'entente signé le jour même entre les deux parties, un important programme d'aide au peuple sahraoui a été conclu, il touche aux secteurs de l'eau, de la santé et de l'alimentation.