D'importants investissements ont été consentis depuis les quelques dernières années. Les uns sont en cours, les autres sont sur le point de l'être. Les uns sont de l'initiative privée et d'autres de l'initiative publique. Ces actions portent indéniablement les capacités hôtelières vers le haut. Tant mieux pour la demande nationale. Qu'elles soient pour une hôtellerie urbaine, balnéaire ou saharienne. Si les investissements dans l'hôtellerie urbaine, balnéaire ou dans les zones de l'activité thermale sont des raisons de satisfaction compte tenu de besoins, jusque-là demeurés insatisfaits, la question reste posée pour l'hôtellerie saharienne. Cette dernière a fait l'objet, comme tout le monde le sait, d'un intérêt particulier des pouvoirs publics pour sa modernisation et sa rénovation. Des montants faramineux leur ont été ou leur sont consacrés, à Ouargla (hôtel El Mehri), El Goléa (hôtel El Boustene), Béchar (hôtel Rym et hôtel Saoura), Adrar (hôtel Gourara) ou M'sila (hôtel Le Caïd). Ainsi, des établissements tombés jusque-là en décrépitude, ont été pris en charge pour en faire des établissements d'envergure et de standards internationaux. Les projets ayant été pris en charge sérieusement et énergiquement par les responsables désignés, les résultats sont déjà visibles pour ceux dont l'opération de rénovation est achevée et font déjà lobjet de la fierté des promoteurs de la destination touristique algérienne. Finie la gène suscitée par la comparaison avec des établissements similaires dans les pays voisins. Mais si la restauration de ces établissements dépend essentiellement des moyens financiers qui lui sont consacrés, leur exploitation et leur maintien en bon état de fonctionnement dépendent d'autres paramètres. Sachant que la décrépitude de ces établissements sahariens a été causée par deux raisons essentielles. La première est le manque de cadres managériaux aptes à assurer une gestion aux normes et de façon durable. La seconde est la désertion de la destination. Cette désertion, elle-même, causée par le ternissement ou la dépréciation de l'image de l'Algérie à l'international, la mauvaise qualité des services hôteliers et des tarifs considérés unanimement prohibitifs. Rajouter à cela le phénomène de la saisonnalité qui impacte fortement l'hôtellerie de ces régions. Autrement dit, l'absence de fréquentation d'un établissement conduit immanquablement à sa détérioration. Ainsi, la rénovation des établissements hôteliers, quand bien même elle permet d'atteindre les standards internationaux, n'assure pas forcément une meilleure fréquentation de la destination saharienne autant par une clientèle nationale qu'étrangère. Les mêmes causes conduisant aux mêmes effets, il est fort à parier que ces hôtels sahariens connaîtront le même sort si des mesures idoines ne sont pas prises. A commencer par la constitution d'équipes managériales compétentes et disposées à exercer dans ces régions du pays. Ces compétences préférant souvent se diriger vers des régions plus clémentes, plus valorisantes et plus rémunératrices, quand elles ne font pas les beaux jours d'établissements hors frontières. La Tunisie, le Maroc et la France peuvent en témoigner. Ensuite se pose la grande question de savoir comment intéresser la demande touristique pour ces régions sahariennes, nationale ou étrangère. Pour cela, il faut faire face à des obstacles sérieux. Si pour la demande nationale, les questions de sécurité et l'image touristique de façon générale ne constituent pas un problème, l'accessibilité reste problématique. Couteuse par voie aérienne et pénible par voie terrestre. Pour la demande internationale, la dépréciation de l'image reste la cause principale et accessoirement, les tarifs qui restent peu compétitifs au regard de ce qu'offrent les pays voisins pour des produits similaires. Des tarifs qu'il sera difficile de revoir à la baisse tant qu'ils seront le fait de plusieurs intervenants sans coordination préalable et tant que le transport aérien ne s'adapte pas à la demande. La difficulté d'obtention de visa d'entrée en Algérie finit par avoir raison des aspirations restantes de venir en Algérie. Revenir sur ces investissements considérables impose ainsi des mesures appropriées. Comme la poursuite de l'action promotionnelle dans les grands Salons du tourisme notoirement réputés pour leur impact sur la demande touristique internationale. Une participation plus qualitative avec des moyens plus conséquents. Comme, aussi, la motivation de cadres gestionnaires par une rémunération adaptée et indexée aux réalisations. Comme, enfin, aussi la mise en place de cellules de réservation et de commercialisation au niveau du Groupe HTT (Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme) qui assureraient des packages pour des circuits sahariens intégrant l'ensemble des prestations, transport, restauration, hébergement, animation. Investir dans l'hôtellerie aussi intensément est une avancée certaine et incontestable du secteur touristique. Lui en assurer une exploitation durable, rentable et de qualité restera le défi à relever. Et il n'est pas des moindres.