Après la tempête nordique, une autoroute dégagée jusqu'au trophée? Les handballeurs français ont en tous les cas une superbe opportunité de rallier la finale de «leur» Mondial ce soir (20h45) à Paris où la Slovénie ne semble pas en mesure de ruiner leurs plans. En remportant une rude bataille contre la Suède (33-30) avant-hier près de Lille, les Bleus ont-ils fait le plus dur? L'entraîneur français Didier Dinart a dit lui-même que «c'était peut-être une finale avant la lettre». Tout est dans le «peut-être»... Le souvenir des Jeux de Rio, et la défaite inattendue en finale contre le Danemark (26-28), sont encore trop frais pour que l'ex-muraille de la défense française, 40 ans, ne se montre pas prudent. Au Brésil aussi, la bande de Nikola Karabatic paraissait avoir fait le plus dur en venant à bout de l'Allemagne renaissante (29-28) en demie. C'était avant de chuter contre Mikkel Hansen et ses partenaires, qu'elle avait pourtant tant fait souffrir ces dernières années. Mais au Mondial, les deux plus sérieux rivaux des tenants du titre sont tombés avant les quarts. Alors quelle équipe à ce stade a les armes, sur le papier, pour empêcher les Bleus de se parer d'une sixième couronne planétaire? Il reste la Croatie, une grande nation, double championne olympique (1996, 2004) et championne du monde en 2003. Les joutes avec l'équipe des Balkans ont alimenté le livre d'or de l'équipe de France en bonnes histoires. Si elle est en reconstruction et que les Bleus l'ont souvent battue dans les matches couperets lors des neuf dernières années, elle n'en reste pas moins capable de tout, comme l'a montré sa victoire contre l'Espagne (30-29). Tous les ingrédients semblent réunis pour que l'ex-POPB (AccorHotels Arena) accueille dimanche (16h30) un grand classique du handball. A moins que la Norvège, en plein essor, ne trouble l'ordre établi et que la Slovénie ne réussisse un exploit monumental contre la troupe française. Après la marée humaine du stade Pierre-Mauroy (28 000), les Bleus auront tout Bercy (15 500) derrière eux pour cette demi-finale. Ce sera le troisième duel en moins de trois semaines face à l'équipe slovène. Les deux précédents avaient tourné en leur faveur, lors de la préparation à Toulouse (29-27), puis Montpellier (33-26). Alors facile? Au niveau de l'expérience et du palmarès, il n'y a pas photo. La Slovénie n'a remporté qu'une médaille - en argent - dans sa jeune histoire, à domicile lors de l'Euro 2004, alors que les Français ont gagné sept des 11 dernières grandes compétitions. La «Suisse des Balkans» est toutefois sur la voie ascendante depuis les Jeux de Rio grâce un noyau dur habitué à la Ligue des champions. Parmi les meilleurs éléments de l'équipe: les gauchers de Montpellier Jure Dolenec et Vid Kavticnik qui connaissent le jeu français sur le bout des doigts. Deux autres, l'arrière gauche Borut Mackovsek et le pivot Matej Gaber, ont joué dans l'Hérault aussi. «On va retrouver (Mika) Guigou, William Accambray, Titi (Omeyer, ndlr), des joueurs avec qui on a déjà joué. Avec Niko (Karabatic), on se parle presque chaque jour, on échange mais là, c'est la compétition», prévient Kavticnik, doyen de son équipe (32 ans), dont l'amitié avec Karabatic est née à Kiel (Allemagne). Son sélectionneur, le Monténégrin Veselin Vujovic, meilleur joueur du monde en 1988, a profité de ce Mondial pour aguerrir une jeune génération talentueuse, à l'image de l'ailier droit Blaz Janc (20 ans), promis à un bel avenir. Si la Slovénie ne manque pas de recours sur le couloir droit et dispose d'une défense armée physiquement, elle reste en carence sur le poste d'arrière gauche. Ses gardiens (Matevz Skok et Urban Lesjak) ne sont pas non plus des assurances tous risques.