Dressant un bilan positif, chiffres à l'appui, des six ans de pouvoir, le chef de l'Etat a néanmoins mis le doigt sur de nombreuses insuffisances. Le président de la République n'a pas mâché ses mots devant les cadres de la nation. Dans un discours où se mêlaient une certaine satisfaction quant au niveau de développement atteint par le pays et les critiques adressées à l'administration algérienne, le chef de l'Etat a brossé un tableau mi-figue mi-raisin de la situation du pays et affirmé sa volonté d'aller de l'avant pour parachever le travail de redressement national qu'il a entrepris en six ans à la tête de la République. Ainsi, Bouteflika a clairement affiché son intention de mettre en oeuvre la réconciliation nationale et d'en faire plus qu'un slogan, une réelle démarche associant l'ensemble de la société. «Il faut que l'Algérien arrive à se réconcilier avec lui-même, puis avec ses institutions», a-t-il martelé, annonçant pour, sa part, une détermination à «ne ménager aucun effort pour hâter la consolidation pleine et entière de la sécurité et de la paix civile». Mais, a souligné le chef de l'Etat, cela se fera en parallèle du «renforcement de la lutte contre le terrorisme». Il a relevé que c'est le peuple algérien qui donnera corps à cet idéal. «Le moment venu lorsque les conditions seront réunies pour proposer, (sa) décision souveraine le choix de l'amnistie qui rallie (son) soutien», a lancé le président de la République. Cela étant, Bouteflika n'omet pas de signaler que «ceux qui sont à l'origine de la crise ne se pavaneront pas sur la scène politique nationale». L'allusion aux dirigeants de l'ex-FIS est on ne peut plus claire, même s'il reconnaît qu'en tant qu'Algériens «ils ont droit à l'oxygène de ce pays». Le chef de l'Etat trace ainsi les lignes rouges de ce que sera l'amnistie générale. Une démarche censée mettre un terme à une crise qui «a fait 200.000 victimes et plus de 40 milliards de dollars de dégâts matériels», a fortement insisté le président de la République. «Sans la sécurité dans notre pays et sans une paix civile véritablement restaurée, tous les efforts de développement demeureront fragiles», a-t-il averti, appelant les Algériens à «compter sur eux-mêmes, sur leur volonté et leur engagement», pour réaliser «l'autre miracle», après celui de l'indépendance. En rappelant cet épisode, Bouteflika a lancé un message à la société pour que celle-ci se prenne en charge et n'attende pas une aide de l'extérieur. A ce propos, il dira: «Si les investisseurs étrangers veulent venir s'installer dans le pays, ils sont les bienvenus, mais même sans eux, nous parviendrons à développer le pays.» Le chef de l'Etat en a pour preuve, le gigantesque effort fourni par l'Etat pour amorcer une véritable croissance économique. 55 milliards de dollars seront consacrés à soutenir l'effort de développement. Un effort qui ne peut être réalisé, a-t-il souligné, par les seules entreprises algériennes, dont le chef de l'Etat a brossé un tableau peu reluisant, ressortant «l'amateurisme et le manque de maîtrise qui ont débouché sur des pertes en vies humaines lors de séismes». Aussi, l'apport des entreprises étrangères dans la mise en oeuvre dudit programme est-il incontournable. «Les réalisations inscrites dans notre programme de soutien à la croissance dépassent les capacités de nos seules entreprises nationales et les marchés seront ouverts à la compétition, y compris pour les entreprises étrangères», a souligné le chef de l'Etat. Il a précisé que «les entreprises qui seront disposées à accompagner leurs fournitures de prestations par des investissements en Algérie, y compris dans le cadre de programmes de conversion de la dette extérieure, conclus ou envisagés avec d'autres pays, seront favorisées», a précisé le président de la République, plaçant ainsi la préférence nationale pour les opérateurs désireux de construire un réel partenariat avec l'Algérie. A ce propos, le chef de l'Etat rappellera l'intention du gouvernement de privatiser plus de 1000 entreprises, après avoir dévoilé les répartitions sectorielles de ce programme. Cela dit, le président a martelé que le programme de relance doit déboucher à terme sur une économie diversifiée et non dépendante de la rente pétrolière qui représente actuellement plus de 98% des rentrées financières. Aussi, le chef de l'Etat a appelé à la fin de la mentalité d'assisté en préconisant une politique fiscale adéquate en direction des opérateurs économiques, notamment dans le secteur de l'agriculture où «les producteurs ont largement bénéficié des subventions de l'Etat dans le cadre du Pnda doivent maintenant penser à payer des impôts dans un esprit de solidarité nationale». A ce propos le président annonce la promulgation prochaine d'une loi en ce sens. Dressant un bilan positif, chiffres à l'appui, des six ans de pouvoir, le chef de l'Etat a néanmoins mis le doigt sur de nombreuses insuffisances que traîne la machine économique nationale, notamment le secteur financier dont il déplore les grandes lenteurs dans la marche des réformes. Il a indiqué que «l'Algérie dispose de 10 milliards de dollars qui attendent d'être judicieusement utilisés au profit du peuple algérien» et qui «dorment dans les banques», relevant au passage l'absence d'intelligence dans l'application des réglementations en la matière. Bouteflika a également fermement dénoncé certains comportements car, au nom de «l'esprit révolutionnaire» et de la lutte contre la bureaucratie, des cadres algériens piétinent la loi. «L'esprit révolutionnaire est dans l'application de la loi», a lancé le président de la République, enjoignant aux cadres de respecter la légalité sans tomber dans le piège de la bureaucratie.