Avec un seul club performant, ces sports ne sortiront jamais d'équipe nationale valable. Il y a quelques semaines, un match insolite avait marqué le championnat national de basket-ball. En effet, la confrontation entre le MC Alger et le WA Rouiba n'avait duré que six petites minutes. L'arbitre avait dû l'arrêter faute de «combattants» du côté rouibéen. Entendez par là que la formation du WAR ne pouvait plus continuer à jouer du fait qu'il ne lui restait que 3 joueurs sur le parquet après la sortie définitive de deux autres. De fait, le Widad ne s'était présenté dans la salle, ce jour-là, qu'avec un effectif de cinq joueurs. On avait, alors, parlé de crise et de grève de joueurs dans ce club. Il n'en était rien. Effectivement, quelques jours plus tard, l'un des responsables du club rouibéen nous avait écrit pour indiquer que le Widad allait pour le mieux et que ce qu'il avait fait contre le MCA était prémédité. Il s'agissait, pour lui, de dénoncer par son acte la mainmise de ce club sur le basket-ball algérien. Pour le dirigeant rouibéen, le Mouloudia pratique la surenchère qui lui permet de débaucher, de leurs clubs respectifs, les meilleurs joueurs du pays. A ce rythme, selon lui, il est normal que le MCA écrase la discipline mais il ne lui rend pas service. Ce club «pille» les clubs formateurs, du fait de sa puissance financière et lorsqu'on est seul sur le terrain, il faut se garder de parler de réussite sportive. Ce qu'il fait dans le basket-ball, le Mouloudia d'Alger l'applique en handball avec la fameuse logique qui veut qu'il vaut mieux avoir les meilleurs joueurs chez soi. Et comme en basket, dans le championnat de hand, il y a le MCA et les autres. Avec de telles données, il y en a qui en sont à croire que les équipes nationales de ces deux sports sont capables de jouer dans la cour des grands et de réussir de grandes performances. Comment peut-on imaginer qu'une discipline sportive puisse se développer lorsqu'il n'y a qu'un seul club performant dans son championnat? Or, c'est bien du championnat que l'on monte une équipe nationale et s'il est faible, du fait de l'hégémonie d'un seul club, la sélection est, forcément, faible. Si le Mouloudia d'Alger fait ce qu'il veut en handball et en basket-ball, c'est en raison de l'aisance financière que lui procure son principal parraineur: la Sonatrach. Quand on a une telle entreprise pour vous soutenir, on a suffisamment d'arguments pour enrôler la crème de nos joueurs qui, dans les autres clubs, ne sont pas, toujours, assurés d'être payés à la fin du mois. Mais quel plaisir peut-on avoir à vaincre sans péril comme le fait le MCA ? Comment ce club peut-il progresser lorsqu'il n'a pas d'adversaires capables de contester sa supériorité ? L'erreur, cependant, serait de condamner le privilège dont bénéficie ce club. Il s'agit de ne pas essayer de le ramener vers le bas mais plutôt de chercher à s'élever à sa hauteur. Pour que cela se produise, il faut que l'Etat s'investisse. Aujourd'hui nos meilleurs clubs ne disposent pas tous de plusieurs sections sportives. Si celles-ci existent, elles ne font que vivoter car 90% de la manne financière des clubs va au football. Prenez la division 1 de football. En dehors du MCA et loin derrière le NAHD, la JSK et l'USMB, les autres clubs n'ont pas d'autres sports collectifs de niveau supérieur que le football. Ceux-ci vous diront qu'ils ne peuvent subvenir à la prise en charge d'autres sections du fait de la modestie des subventions qui entrent dans leurs caisses. Ce qui n'est pas le cas d'un pays voisin comme la Tunisie, laquelle dispose de nettement moins de moyens que l'Algérie mais qui fait valoir l'organisation du mondial d'un sport majeur comme le handball et la possession d'une formidable équipe nationale dans ce sport, qui vient de terminer à la 4e place de ce même mondial. Il n'y a pas longtemps, le MCA avait remporté la supercoupe d'Afrique des clubs de handball en battant l'ES Tunis qui dispose de la plupart d'internationaux tunisiens qui ont disputé le récent mondial. Normalement, le handball algérien aurait dû puiser dans ce bon résultat des motifs pour réaliser une bonne coupe du monde. Or, ce sont les Tunisiens qui ont brillé au contraire des Algériens qui n'ont pas passé un seul tour. Tout simplement parce que notre Mouloudia se sent trop seul dans un championnat de bas niveau alors que l'EST se bat, chaque week-end, contre quelques formations valables comme l'ES Sahel, le Club Africain, le CS Sfax ou le CA Bizerte. Vous remarquerez que ce sont des clubs qui ont une section de football qui évolue en division 1 mais eux ne se plaignent pas du fait d'avoir d'autres sections sportives. Tout cela parce que l'Etat s'investit et aide ces clubs dans la prise en charge de ces sections. C'est ce à quoi il faudrait aboutir en Algérie. Il est indispensable que nos plus grands clubs puissent disposer de sections sportives valables et des sections gérées comme l'est le football. Or, le petit budget consacré au sport chez nous ne permet pas une telle politique. Aujourd'hui, le football consomme tellement d'argent qu'il faudrait une sorte de subvention spéciale qui vienne en rajout pour aider à la prise en charge des autres sections. Continuer dans la voie qui est tracée en ce moment ne sera d'aucun bénéfice pour le sport algérien qui persistera dans le bricolage ambiant et le laisser-aller. Avec un MCA toujours dominateur, parce que sans rival, dans des compétitions à dormir debout.