L'armée syrienne a annoncé jeudi avoir repris au groupe Etat islamique (EI) une trentaine de localités et de villages dans la province septentrionale d'Alep, en assurant vouloir étendre à d'autres régions ses opérations contre l'organisation jihadiste. A la faveur d'une vaste offensive lancée depuis 20 jours, l'armée syrienne a notamment pris le contrôle d'une partie de l'autoroute reliant la métropole d'Alep à la ville d'Al-Bab, dernier bastion de l'EI dans la province d'Alep. L'avancée de l'armée intervient alors que depuis le 10 décembre, Al-Bab est visée par une offensive menée par des rebelles syriens appuyés par les troupes de la Turquie au sein de l'opération «Bouclier de l'Euphrate». Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne), ces derniers seraient arrivés aux portes d'Al-Bab où de violents combats ont eu lieu jeudi, faisant 11 morts au sein de l'EI et sept combattants du «Bouclier de l'Euphrate». «Il pourrait y avoir des soldats turcs» parmi ces derniers «mais nous ne savons pas encore», a ajouté le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahman. Il a ajouté ignorer s'il y avait des morts parmi les forces armées syriennes. Ces dernières se trouvaient encore a quelques kilomètres d'Al-Bab, selon cette organisation. Les forces armées syriennes, après avoir repris le 22 décembre aux rebelles la totalité de la ville d'Alep, la deuxième de Syrie, ont intensifié leurs opérations contre les secteurs contrôlés par l'EI dans la province. Elles «ont pu, durant une vaste opération militaire lancée il y a 20 jours, reprendre plus de 32 localités et hameaux au nord-est d'Alep, soit une superficie de 250 km2», a rapporté l'agence Sana, citant un communiqué de l'armée. Cette avancée «sécurise davantage les environs d'Alep et constitue un tremplin pour élargir les opérations de lutte contre le groupe terroriste Daesh (EI)», selon le texte. L'armée précise avoir repris «16 km» de l'autoroute séparant Alep d'Al-Bab, après s'être emparée de villages au sud de cette ville. Les forces turques et leurs alliés, eux, se battent du côté nord d'Al-Bab. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé en août une offensive militaire en Syrie pour chasser les jihadistes près de sa frontière, en assurant que son armée «finirait son travail» à Al-Bab. Mais l'implication d'Ankara suscite la colère à Damas qui a dit jeudi avoir adressé deux missives au Conseil de sécurité de l'ONU dénonçant «les violations de la souveraineté de la Syrie» par la Turquie. «Au cours des derniers jours, les forces armées turques ont mené une incursion en territoire syrien et occupé des villages syriens, dont deux à l'ouest d'Al-Bab», expliquent les lettres envoyées par le ministère des Affaires étrangères et publiées par l'agence Sana. «Cela représente une violation flagrante de la souveraineté syrienne et des principes et objectifs de la Charte de l'ONU ainsi que les règles du droit international», ajoutent-elles. Ces lettres accusent Ankara de soutenir «le terrorisme» et appelle le Conseil de sécurité à agir pour «mettre fin aux violations de la part du régime turc». Dans la guerre aux multiples acteurs en Syrie, la Russie aide militairement le gouvernement syrien, à la demande de Damas, face aux jihadistes et insurgés, alors que la Turquie apporte un soutien militaire à des groupes rebelles qui combattent les jihadistes près de sa frontière. Mais Ankara a bénéficié récemment du soutien de Moscou contre l'EI qui occupe toujours de vastes régions dans la province de Raqqa (nord) et la quasi-totalité de la province de Deir Ezzor (est). En outre, en janvier, la coalition dirigée par Washington a également mené quatre frappes près d'Al-Bab. Plus de 310.000 personnes ont été tuées dans le conflit en Syrie qui a également fait plusieurs millions de réfugiés et déplacés en près de six ans.