Crédulité? Mauvaise foi? Il y aurait peut-être un peu des deux si l'information colportée par S&P Global Platts, une agence spécialisée dans l'industrie pétrolière et très influente sur les cours de l'or noir, n'avait pas pour objectif inavoué de vouloir saborder l'accord conclu le 10 décembre entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses «alliés» dont la Russie. Des médias de la presse électronique nationale se sont fait sa caisse de résonnance. L'Algérie, cheville ouvrière de la décision de la baisse de la production des pays producteurs (Opep et hors Opep) de près de 1,8 million de barils par jour, a été pointée du doigt. «Alors qu'elle s'était engagée le 30 novembre à Vienne à réduire sa production de 50 000 barils par jour, l'Algérie a pompé légèrement au-dessus de son quota de 1,04 million de barils par jour, avec 1,05 million de barils par jour», ont écrit les analystes de S&P Global Platts dans une note publiée le 7 février 2017, cités par Tsa. Les prix du pétrole qui font face à une surabondance de l'offre qui les a minés depuis la mi-juin 2014 ainsi qu'à une offensive de la production de pétrole de schiste américain qui s'est remise en branle depuis que les cours de l'or noir ont repris des couleurs, n'avaient pas besoin de ce coup foireux pour les renvoyer en «enfer». L'Algérie qui est en première ligne pour faire face à la dégringolade des prix, a fait des pieds et des mains pour tenter de les redresser. Il a fallu pour cela concilier des positions qui paraissaient impossibles à rapprocher. Mettre autour d'une même table saoudiens et iraniens qui se regardaient en chiens de faïence. Convaincre les pays producteurs membres et non membres du cartel que seule une baisse de leur production pouvait provoquer une hausse des cours de l'or noir. L'Algérie a réussi ce tour de force. Le 28 septembre en marge du 15ème Forum international de l'Energie un accord qualifié d' «historique» par les observateurs internationaux a été scellé à Alger lors d'un sommet de l'Opep. Il a servi de socle à la baisse de la production de près de 1,8 million de barils par jour décidée le 10 décembre 2016 à Vienne. L'accord obtenu avec 11 pays hors Opep pour diminuer l'offre de 1 758 000 barils/jour «marque l'effort extraordinaire de la diplomatie algérienne, et cela est reconnu par tous les responsables. Les ministres reconnaissent le rôle de l'Algérie et la disponibilité du président de la République Abdelaziz Bouteflika à soutenir cet accord», avait déclaré à cette occasion le ministre algérien de l'Energie. «Avec l'organisation de la réunion extraordinaire de l'Opep à Alger, il y a eu tout un mouvement de la diplomatie algérienne, du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères et les déplacements que j'ai eus à mener pour construire cet accord», a rappelé Noureddine Boutarfa. L'Algérie serait-elle à ce point «masochiste» pour entamer un tel «capital crédibilité»? Mettre à terre un «statut» qu'elle a mis des années à bâtir? Autant de questions qui sont autant de raisons pour affirmer que l'information distillée par les experts de S&P Global Platts était tendancieuse. La toute récente sortie médiatique du président de l'Opep qui a indiqué que le marché pétrolier répond «bien» à la réduction de l'offre, engagée par des producteurs de l'Opep et hors Opep, le confirme. «Je pense que le marché réagit bien et vous pouvez voir la baisse de l'offre», a déclaré Mohamed Saleh al-Sada, hier à Doha. «Le degré d'adhésion (aux accords Opep/non-Opep) est très élevé», a-t-il ajouté tout en précisant qu'il «est trop tôt pour porter un jugement définitif». L'Opep et ses alliés ont déjà réduit leur offre de 1,5 million de barils par jour. L'Algérie est prête à réduire son offre de 65.000 barils/jour au lieu de 50.000 a annoncé le ministre de l'Energie Noureddine Boutarfa dans un entretien accordé à l'agence Bloomberg. Le bilan se fera à l'occasion d'un nouveau sommet de l'Opep qui est fixé pour le mois de mai prochain.