La réunion entre le Chef du gouvernement et les dialoguistes sur laquelle la population béjaouie fondait un grand espoirs a été, durant toute la journée d'hier, négativement appréciée par une opinion locale visiblement désabusée. Le réel espoir placé en la volonté du gouvernement et des dialoguistes, bien qu'ils soient contestés, de trouver une issue heureuse à cette crise qui n'a que trop duré, était encore très perceptible chez le citoyen à la veille de cette rencontre qui n'a finalement pas seulement déçu, mais, et surtout, est à l'origine de l'instabilité ne cessait-on de commenter, hier, dans les rues de la ville des Hammadites. Cette déception fait, bien sûr, suite à l'absence de l'annonce d'aucune décision à même d'éviter l'exacerbation de la tension très perceptible déjà la veille. L'inquiétude se lisait donc hier sur tous les visages des jeunes et moins jeunes devant cette montée dangereuse de la violence qui donne d'ores et déjà lieu à de véritables dérapages incontrôlables, comme ce fut le cas dans la nuit de vendredi à samedi à El-Kseur, localité «chaude» qui vient, en effet, d'enregistrer les premiers actes de représailles contre les dialoguistes. La maison de Hocine A. a été entièrement incendiée par les émeutiers. Cette action extrême a suscité des réactions de rejet de la part de la population qui redoute d'autres dérapages. La reprise de la violence à travers plusieurs localités et la première attaque physique contre les citoyens dialoguistes ne sont pas sans dénoter le caractère extrémiste que certains tentent d'inculquer à un mouvement citoyen d'essence démocratique. Après donc plusieurs mois d'accalmie, la région de Béjaïa, particulièrement la vallée de la Soummam, renoue avec les émeutes. Même si au niveau de la population, l'option du dialogue reste le seul moyen de trouver une issue, il n'en demeure pas moins que la méfiance affichée par les éléments radicaux du mouvement citoyen gagne, de plus en plus, de sympathie au sein d'une large frange de la population, en témoignent ces réactions: «Les radicaux ont finalement raison», ou encore «On ne doit plus jamais croire à ce pouvoir», «drôle de manipulation»... Pour Khellef, enseignant: «Je ne comprends pas qu'un Chef du gouvernement désigné ne puisse même pas s'engager sur au moins quelques éléments de la plate-forme», avant d'ajouter: «C'est comme ça qu'on pousse vers l'extrémisme.» Ainsi donc, la Kabylie est partie pour une série de mauvais jours, qui semble s'installer dans la durée, notent beaucoup de citoyens qui sont plus que jamais persuadés que «la situation tardera encore longtemps avant de connaître son épilogue».