Cette option bénéficie de plus en plus de considération de part et d'autre. Contrairement à ce qu'on veut faire croire, l'option du dialogue, comme moyen traditionnel du règlement des conflits, connaît une avancée notable dans les esprits non seulement des citoyens, mais aussi des délégués, notamment ceux détenus à la maison d'arrêt de Béjaïa. La première révélation faite dans ce sens par le collectif des avocats de la défense avait suscité moult réactions dénotant une incompréhension totale. Les démentis, qui ont suivi cette révélation, à savoir la disposition des délégués détenus au dialogue, n'ont de valeur que sur les contacts avec le pouvoir. La question du dialogue s'est, depuis quelques jours, précisée davantage mettant fin à la cacophonie régnante alimentée principalement par les tenants du statu quo. D'un côté, les pouvoirs publics, par la voix du porte-parole du gouvernement, ont renouvelé l'offre en réitérant «la disponibilité de M.Benflis au dialogue avec toutes les parties sans exception». Ce rappel est venu presque le même jour que la déclaration du détenu Ali Gherbi rendue publique via le collectif des avocats. Ce nouveau rebondissement de l'option du dialogue n'est pas sans susciter un grand espoir au sens de l'opinion locale. M.Ali Gherbi, s'exprimant en présence des délégués attitrés du mouvement citoyen à Béjaïa, a, tout en réfutant tout contact avec le pouvoir, déclaré: «Je prends acte de l'appel du Chef du gouvernement» et demande «davantage de volonté de la part du Premier ministre». En d'autres termes, les détenus sont toujours prêts à dialoguer à condition que les autorités fassent preuve d'un réel geste qui pourrait être caractérisé par «la libération des détenus et l'arrêt des poursuites judiciaires». Ces mesures d'apaisement fortement attendues aussi, par la population pourraient, dans une large mesure, contribuer à une amorce d'un règlement pacifique de la crise, d'autant que même les animateurs du mouvement donnent l'impression de privilégier la concertation qui finira par déboucher sur une position favorable au dialogue. Entre l'appel de Benflis, la souscription implicite des délégués détenus et l'option de la concertation retenue lors des derniers conclaves, c'est tout le mouvement citoyen de Kabylie qui donne l'impression d'opérer un virage hautement politique. Les deux parties semblent se rendre à l'évidence. Il reste juste à clarifier les positions maintenant que le dialogue ne signifie plus la défaite aux yeux d'un nombre de plus en plus important de délégués. La reconnaissance «implicite» de l'échec du dialogue précédent et la disponibilité des délégués, même conditionnée, présagent d'un avenir meilleur. C'est, en fin de compte, la voie pacifique et politique qui l'a emporté.