L'option des licences d'importation semble être une solution efficace qui permettra au gouvernement de maîtriser la situation du commerce extérieur. Importer pour importer n'est plus toléré. Le gouvernement met au régime strict les importations. Pour faire face à la crise économique marquée par la chute des prix du pétrole et le recul effrayant des réserves de changes, le gouvernement serre les verrous du commerce extérieur. La réunion interministérielle que présidera demain le Premier ministre s'inscrit dans ce sens. Quatre départements sont concernés, à savoir le commerce, les finances, l'industrie et l'agriculture. Objet: instaurer la liste des produits qui seront soumis à des quotas. Le gouvernement veut sérieusement en finir avec l'anarchie qui caractérise ce créneau. Désormais, le recours au marché extérieur se fera sur autorisation et selon les besoins en la matière. L'option des licences d'importation semble être une solution efficace qui permettra au gouvernement de maîtriser la situation. S'exprimant en marge d'une rencontre avec les cadres du secteur du commerce, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville et ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu'un calendrier des importations sera établi. «La réunion de lundi va définir les quotas et les nouveaux produits concernés par le dispositif des licences», a-t-il fait savoir. Pour rappel, jusqu'à présent, ce sont les véhicules, le ciment et le rond à béton qui sont soumis, depuis janvier 2016, au régime des licences d'importation, auxquels se sont ajoutés récemment les agrumes dont les domiciliations bancaires pour importation ont été gelées. Une décision qui vise à assurer davantage la protection de l'économie nationale et la préservation des équilibres budgétaires. Vu que les réserves de changes ont connu une forte baisse ces derniers temps en passant de 144 milliards de dollars à la fin 2015 à 121 milliards de dollars en septembre dernier, le gouvernement n'a pas d'autre choix que celui d'agir vite et rapide pour mettre fin à cet hémorragie. D'ailleurs, le ministre du Commerce le reconnaît. «Nous traversons une conjoncture financière qui requiert un usage judicieux des ressources et des décisions audacieuses, nous nous employons à rationaliser les dépenses et réduire les importations sans influer sur le marché intérieur ni le niveau de vie du citoyen», a soutenu Abdelmadjid Tebboune qui refuse de parler d'austérité, mais plutôt de rationalisation des dépenses. Grâce à l'instauration des licences, la facture d'importation automobile a été réduite de plus de la moitié. En 2016, le contingent quantitatif d'importation de véhicules a été fixé finalement à 98 374 unités contre 400 000 unités auparavant. Le gouvernement veut aller au-delà. Il a procédé récemment au gel des domiciliations d'importations de véhicules par les entreprises pour propre compte. «Ce type d'importation sera, désormais, comptabilisé dans le quota d'importation des véhicules qui sera arrêté par le Premier ministre», a soutenu Tebboune. Pour permettre à la production nationale de gagner du terrain, le quota d'importation des véhicules sera revu à la baisse. «L'importation de marchandises produites localement désavantageait l'économie nationale», a reconnu Tebboune avant d'ajouter que «l'Algérie n'est pas un déversoir des produits d'importation». Il a indiqué que l'utilisation exclusive des matériaux de constructions locaux a permis d'économiser 1,4 milliard de DA au profit du Trésor public. En encourageant l'industrie locale, le gouvernement réduit le recours à l'importation. En 2016, 225 licences d'importation de véhicules, de ciment et de rond à béton ont été attribuées par la commission interministérielle chargée de délivrance de ces documents. 40% pour rentabiliser l'industrie de véhicules (industriel). Adel Bensaci, président du cluster mécanique de précision, au Forum d'El Moudjahid, a soutenu qu'il faut un taux d'intégration de 40% pour rentabiliser l'industrie mécanique en Algérie. «Le montage automobile SKD n'est pas viable si l'on n'arrive pas progressivement à un taux d'intégration nationale de 40%, car au-dessous de ce taux, il est plus rentable d'importer des véhicules que de les monter en Algérie», a-t-il avancé. Adel Bensaci a expliqué que ce regroupement d'entreprises espérait offrir une alternative locale aux cinq milliards de dollars de pièces de rechanges importées par l'Algérie annuellement. «Nous importons 99% de nos besoins en la matière (pièces de rechange) et ce marché doit être récupéré par les sous-traitants nationaux», a insisté le président du cluster mécanique de précision qui a été créé en janvier 2017 par cinq sociétés fondatrices. Par ailleurs, le médicaments est un autre créneau sur lequel le gouvernement a fait des efforts pour réduire la facture de l'importation. Le ministre de la Santé a soutenu que la production nationale qui ne dépassait pas 5% il y a quelques années, a permis d'atteindre le taux de 61% et par conséquent réduire la facture d'importation de 4% des médicaments l'année dernière. Selon lui, la décision d'interdire l'importation des médicaments fabriqués localement est un grand stimulant aux industriels locaux. Le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf a précisé que le nombre de médicaments dont l'importation n'est plus tolérée est de 358 médicaments. Il a également avancé que l'Algérie recense 80 unités de production et leur nombre devra atteindre 150 prochainement. A travers les réductions drastiques des produits les plus importés qui pèsent lourd sur le Trésor public, le gouvernement pourra épargner les réserves de changes d'effondrement. Or, cela n'est pas suffisant si l'on tient compte de la facture des importations qui reste toujours relevée avec 37,20 milliards de dollars contre 20,38 milliards de dollars pour les exportations.