Le citoyen est dans tous ses états. Ces dernières semaines ne sont franchement pas profitables au citoyen à Béjaïa. L'envolée des prix sur le marché est venue s'ajouter cette semaine au retour du mauvais temps qui, faut-il le noter, n'est pas pour arranger les choses. Certes, la pluviosité a été généreuse cette année, mais la réalité n'indique aucune conséquence sur le consommateur algérien qui se voit, chaque jour qui passe, délesté de ses sous sans recevoir une contrepartie conséquente. Les jours passent et se ressemblent, et parfois en s'aggravant. Dernier maillon de la chaîne, le citoyen subit pratiquement le contrecoup d'un marché non organisé et soumis au diktat des spéculateurs. Le marché l'atteste clairement aujourd'hui. «Le simple produit devient inabordable dans un pays qui s'enorgueillit d'une réserve de change de 50 milliards de dollars». Cette réflexion loisible chez le commun des mortels est lourde de sens et n'est pas de nature à susciter l'espoir. «Je m'en contrefous de tout, pourvu qu'on me permette de vivre simplement», disait ce matin un citoyen au marché hebdomadaire de la ville de Béjaïa. «Ce n'est pas le cas malheureusement», constate-t-il avec un air de désolation. Et d'indiquer du doigt le chemin à suivre pour se rendre compte de la situation. En effet, le marché de Béjaïa grouillait de monde, hier, en dépit du mauvais temps qui n'incitait pas à une virée quelconque. Lieu des pauvres par excellence, le marché est devenu un lobby incontournable pour bon nombre de nos concitoyens. Il y a ceux qui y vivent en vendant des produits de leurs activités et autres. Il y a ceux qui achètent. Le marché est l'endroit indiqué pour les bonnes affaires. De la fripe jusqu'au plus petit objet nécessaire pour la maison, tout y est à bon marché. Mais ces derniers temps, même le marché est touché par le phénomène de la cherté. Alors, le consommateur se voit contraint de faire le tour du marché plusieurs fois avant de se décider. Très souvent, on revient bredouille. Les prix ne sont pas abordables. Il est déjà 11h, Ammi Saïd n'a pas encore acheté le moindre produit. Son panier de provisions est tristement vide. «Franchement, tout est cher», s'exclame-t-il, et d'ajouter: «J'attends les derniers moments, ils vont peut-être baisser les prix.» Comme Ammi Saïd, ils sont nombreux à se trimballer pendant de longues heures dans le but de s'approvisionner. La situation de ces citoyens résume le drame quotidien né d'une flambée des prix inexpliquée. C'est au marché des fruits et légumes que la hausse des prix a atteint des prix dramatiques. Les carottes sont à 40 DA, les oignons autant. C'est la pomme de terre, produit important qui a atteint les 35 DA, non loin, des fenouils sont à 45 DA. Le drame est qu'il n'y a plus de choix comme avant. Les catégories premier et deuxième choix ont disparu, laissant place à des prix et produits unifiés seulement dans la théorie. Quant aux autres légumes, à l'image de la tomate et des poivrons, il ne faut même pas en parler. Leurs prix varient entre 100 et 130 DA. Les fruits sont une autre affaire. Cette envolée des prix ne date pas d'aujourd'hui, cela fait des jours que ce rythme est maintenu. Et «ce n'est pas le retour du mauvais temps qui va arranger les choses», fait remarquer un jeune. Au contraire, le pire est redouté. Si, par le passé, l'arrivée des pluies et des neiges est saluée, car porteuse d'espoir quant à une saison agricole des plus prometteuses, il n'est plus de même de nos jours car, et c'est là le constat, unanime: «Plus il pleut, plus la vie devient chère.» Ce scénario se vérifie une fois de plus, cette année. L'hiver a été généreux en eau mais rien n'est perçu par le consommateur, entendre par là le plus simple, quant aux nantis, il faut croire que cela ne les effleure même pas. Le marché ferme déjà, Ammi Saïd a réussi quand même à remplir son panier avec une somme qu'il a du mal à prononcer. «Je n'ai pas acheté de viande et j'ai dépensé 450 DA», déclare-t-il. Une dépense tout juste suffisante jusqu'à jeudi, car il va falloir encore une fois retourner au marché pour un nouvel approvisionnement. Pour un salarié, dépenser le double de cette somme, une fois par semaine, est injuste car à côté, il y a d'autres dépenses, telles que l'huile, le sucre, la semoule. Les viandes ne sont pas prises en compte. On n'en consomme que rarement. C'est là le quotidien du simple citoyen. Celui qui ne vit que de son salaire mensuel. Un salaire misérable comparé à la cherté du marché.