Un spectacle de haute facture «Il y a 27 ans Madiba a été libéré de prison. L'Algérie est le premier pays que Nelson Mandela a visité. Algérienne, algérien vous devriez être fiers, cette histoire est aussi la vôtre...», a scandé le conteur à l'adresse du public debout... «Faire ce spectacle était plus qu'important, mais une nécessité. On a fait cette comédie musicale pour transmettre le message de Nelson Mandela au monde entier. Un message humaniste et universel toujours d'actualité. Un message rassembleur, de pardon et de réconciliation», nous dira dans les coulisses juste avant l'entame du spectacle son auteur et compositeur Jean-Pierre Hadida. Jamais un homme n'a été aussi présent pendant son absence, nous affirme-t-on. Nelson Mandela est resté 27 ans prisonnier, isolé, loin des siens, mais si proche de la cause qu'il défendait...pour lui rendre hommage, une comédie musicale va s'employer durant deux heures à nous raconter l'histoire d'amour, au départ impossible de deux êtres qui, dans la lumière de Mandela, vont combattre pour leurs idéaux. L'un est un Noir, et vient de sortir de prison, l'autre est une Blanche. Son père chef de police refuse que les choses changent. Si la comédie musicale n'a pas pour but de retracer le parcours de Mandela, elle s'attela quand même à donner à voir et à entendre par morceaux choisis les moments forts de sa vie, l'âme de son militantisme, son emprisonnement, où il fut toujours un homme craint et respecté jusqu'à sa sortie de prison, toujours épaulé comme il était par sa femme Wini. Ce couple mythique est incarné sur scène. Autour de celle-ci il n'y a pas grand chose. La scénographie pour ainsi dire est presque inexistante. Pour seul décor, quelques chaises et en toile de fond sur écran, des vidéos ou seront projetées les dessins issus de ce carnet de croquis dessinés par Will, ce jeune artiste victime de l'apartheid. Il s'agit de ce garçon amoureux qui finit par vaincre ses peurs et affronter le monde, par amour pour cette fille et pour la liberté. Un amour rassembleur au-delà de leur différence de couleur de peau ou de classe sociale. «Il y a dans ce carnet l'histoire de ce monde en noir et blanc gravé au fusain...» rappelle le narrateur. «Grand pouvoir au peuple! Un vote, une voix!» clame-t-on sur scène. Tout au long du spectrale, des danses africaines vont agrémenter cette histoire, rehaussées de nombreuses chansons entonnées par un choeur traditionnel zoulou qui s'alternaient avec des chansons d'amour ou antiracisme. Pour entretenir la flamme de cette histoire et l'enraciner dans le temps, un conteur / interprète et rappeur va s'atteler du début jusqu'à la fin à nous restituer par paraboles cadencées et condensées les miracles des effets de l'amour de l'Autre et de la paix. Tel un griot, avec ses mots pleins de sagesse et de poésie il va s'adresser à l'émotion de chacun de nous pour nous narrer cette fabuleuse histoire du père de l'ANC, son évolution et son influence dans le monde d'aujourd'hui. «Le monde changera non pas contre l'Autre, mais avec l'Autre» entendons-nous à plusieurs reprises. Et le conteur de confier: «Il y a 27 ans Madiba a été libéré de prison. L'Algérie est le premier pays que Nelson Mandela a visité. Algériennes, Algériens vous devriez être fiers! Cette histoire est aussi la vôtre. L'Algérie a aussi financé l'ANC. Si le spectacle est né à Paris, on peut dire qu'il a trouvé une deuxième demeure à Alger! scandera le conteur sur scène en fin de spectacle sous la salve d'applaudissements du public, et ce, avant que tous les musiciens et acteurs réunis vont entonner la chanson phare de la comédie musicale, «Freddom». Moment solennel sur scène et parmi l'assistance debout. L'émotion est passée par là et Madiba content devait sans doute bien nous regarder de la haut où il était... Entre drames, chants, danses, paroles, les 20 artistes auront relevé au pied levé, le défi de raconter cette histoire des ségrégations et des injustices, et de nous toucher, haut la main, au propre et au figuré. Le public en a eu pour son argent et en est sorti content. Le long métrage «Mandela's Gun», un biopic du réalisateur britannique John Irvin, mettant en scène l'entraînement militaire de Nelson Mandela en Algérie et en Ethiopie en 1962, sera projeté prochainement à Alger dans le cadre des Journées culturelles sud-africaines en Algérie, a annoncé M.Mihoubi qui était présent à cette représentation. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra et des représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie, ont assisté également à ce spectacle commémoratif.