Des dizaines de milliers de Mexicains manifestaient dimanche pour dénoncer le projet du président américain Donald Trump de construction d'un mur à la frontière et appeler leur chef de l'Etat Enrique Peña Nieto à plus de fermeté. Des dizaines de milliers de Mexicains ont manifesté dimanche pour dénoncer le projet du président américain Donald Trump de construction d'un mur à la frontière et appeler leur chef de l'Etat Enrique Peña Nieto à plus de fermeté. «Le Mexique, on le respecte, Mr Trump «, pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête de cortège à Mexico, où 20.000 personnes ont défilé, selon le gouvernement local. Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont envahi la principale avenue de la capitale mexicaine à l'appel d'organisations civiles, d'entreprises et d'universités. «Nous sommes ici pour que Trump voit et sente comment tout un pays, uni, se lève contre lui et ses idioties xénophobes, discriminatoires et fascistes. Le Mexique ne sera pas son esclave», a assuré Julieta Rosas, une étudiante en littérature portant un tee-shirt représentant le président américain affublé d'une moustache à la Hitler. Erick Smith, Américain marié avec une Mexicaine, brandissait lui une pancarte disant «Sorry Mexico». «Je ne veux pas de ce mur, chaque fois que je viens en vacances au Mexique je me sens à la maison. Je suis venu dire que mon président me fait honte. Je suis venu dire 'Je suis désolé'' au Mexique», a-t-il confié. A Guadalajara (ouest), deuxième ville du pays, quelque 10 000 personnes ont manifesté, en majorité des étudiants. Les défilés ont été plus modestes dans le reste du Mexique. Ce mouvement de protestation survient au moment où les Etats-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies. Une partie des manifestants ont d'ailleurs ciblé le président mexicain, l'appelant à se montrer plus ferme face à son homologue américain. éPeña Nieto, respecte-moi avec courage face à Trumpé, disait ainsi une pancarte du cortège à Mexico. éTrump est un danger et Peña Nieto n'a pas été à la hauteur. Il ne nous a pas défendus, ou il l'a fait de façon trop faible. Il ne s'est pas imposé», a déclaré Héctor Morales, commerçant de 50 ans venu manifester. Montée en puissance pendant la campagne du candidat républicain, qui avait traité certains Mexicains de «criminels», de «violeurs» ou de «bad hombres» (mauvais hommes») et accusé d'autres de voler les emplois des Américains, la crise diplomatique entre Mexico et Washington a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de M.Trump, le 20 janvier. Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier. Le président républicain veut également renégocier, voire abroger, l'Accord nord-américain de libre-échange (Aléna), trop favorable selon lui aux intérêts mexicains. Depuis, les deux hommes se sont parlés au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l'impasse. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington mercredi, se félicitant ensuite d'une «bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive» avec le nouveau secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson. Mais dans le pays, la colère persiste et ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola et à manifester son patriotisme, par exemple en mettant le drapeau mexicain comme photo de profil sur internet, se sont multipliés. La volonté affichée par l'administration Trump d'accélérer l'expulsion des immigrants illégaux inquiète aussi le gouvernement mexicain, qui a invité ses ressortissants vivant aux Etats-Unis à «prendre des précautions». Il réagissait ainsi au renvoi jeudi au Mexique de Guadalupe Garcia de Rayos, une femme de 35 ans, mère de deux enfants nés aux Etats-Unis, au lendemain d'une visite de routine auprès des autorités migratoires à Phoenix, dans l'Arizona. Son cas a suscité des manifestations devant les bureaux de l'immigration, selon des médias américains.