L'Algérie est le seul pays arabe à avoir ratifié la convention internationale. Le vaste tour d'horizon de la conférence-débat de Mme Agnès Marcaillou n'a pas permis de se faire une idée précise et concrète sur ce que l'ONU est venue proposer aux Etats arabes en matière de limitation de la circulation des armes légères. «L'ONU n'a pas de chiffres exacts des armes légères en circulation dans le monde». «On avance le chiffre de 800 millions mais le chiffre est erroné». «N'ayant pas accès aux fabrications des Etats, lesquels sont souverains, l'ONU ne peut évaluer les armes mises en circulation». En fait, «c'est une question qui est tout à fait nouvelle pour l'ONU, et date de 1993. Une première convention a été signée en 2001, début 2005, nous nous sommes rencontrés à New York et une réunion est prévue pour 2006. Aujourd'hui l'objet n'était pas d'arriver à un consensus, mais juste une façon pour nous d'évaluer, de pousser plus loin». Mme Marcaillou ne trouvait pas ses réponses et ne s'en encombrait pas outre-mesure. Représentante de l'ONU et responsable du département «désarmement aux Nations unies», elle avoue que les solutions ne sont pas pour demain et ne donne aucun chiffre à un problème qui paraît à ce jour encore opaque, sans contours clairs et sans coupables désignés. Le thème fort de la femme venue à Alger pour expliquer, écouter et voir où en sont les choses chez les Etats arabes, a été celui formulé ainsi: «Il n'y a pas de sécurité sans développement et il n'y aura pas de développement sans sécurité». Il charge aussi les Etats: «La responsabilité incombe aux Etats, on n'est pas ici pour parler des groupes criminels (...) la globalisation est aussi la globalisation de la criminalité, du terrorisme et des réseaux de trafiquants». Femme volubile et volontiers critique, Mme Marcaillou n'arrivait pas, hier, a être claire et cohérente, et donnait la nette idée d'une ONU indécise sur ce plan-là. Car ne perdons pas de vue que si on continue à stigmatiser les pays arabes et à critiquer la mise en vente de ces armes chez eux, comme dans les pays du Sahel, il y a à souligner qu'en amont du problème, on retrouve les gros producteurs d'armes, les commerçants de l'armement, qui sont, bien entendu, les pays développés, et, récemment, les anciens pays du bloc de l'Est, qui se débarrassent chaque année, par l'intermédiaire de commerçants qui leur sont connus, de centaines de tonnes d'armes légères datant de l'époque de la guerre froide. Que fait l'ONU pour endiguer ce mal à la source? Rien, car elle ne contrôle pas une seule parcelle de la vaste toile internationale qui prend sa source chez les pays développés pour finir au Sud, en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient. C'est ainsi qu'au Niger ou au Mali, une arme légère est vite acquise grâce au troc d'une chèvre ou d'un sac de semoule.