Les Palestiniens ont vivement réagi hier à la nouvelle position de la Maison-Blanche sur le principe d'une «solution à deux Etats», pour résoudre le conflit avec Israël, peu avant une rencontre très attendue entre Donald Trump et le Premier ministre israélien. En annonçant ne plus être arc-boutée sur la solution à deux Etats, la Maison-Blanche marque une rupture inédite avec ce qui est depuis des décennies la référence de la communauté internationale pour un accord de paix qui mettrait fin à l'un des conflits les plus vieux au monde. La «solution à deux Etats» prévoit la création d'un Etat de Palestine qui coexisterait en paix avec Israël. Y renoncer «n'a aucun sens», a réagi Hanane Achraoui, une des dirigeantes de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), quelques heures après qu'un responsable de la Maison-Blanche eut estimé qu'«une solution à deux Etats qui n'apporte pas la paix est un objectif que personne ne cherche à atteindre». Dénonçant «une politique pas responsable», Mme Achraoui a accusé la nouvelle administration américaine «d'essayer de satisfaire la coalition extrémiste de (Benjamin) Netanyahu», qui dirige actuellement le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Ghaza, a de son côté dénoncé «un jeu fourbe» de Washington visant à renforcer son rapprochement avec Israël. Le principe de deux Etats, israélien et palestinien vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, a été défendu depuis un demi-siècle par tous les présidents américains et est prôné par l'ONU comme par l'Union européenne. Pourtant, le responsable américain a estimé que «la paix est l'objectif, que cela soit sous la forme d'une solution à deux Etats si c'est ce que les parties veulent, ou quelque chose d'autre si les parties le veulent». Il a insisté sur le fait que Washington «ne dictera pas les termes» de la paix, alors que M. Netanyahu dénonce régulièrement les «diktats» de la communauté internationale pour résoudre l'un des plus vieux conflits de la planète. Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump s'était clairement affiché pro-israélien, tout en affirmant que s'il était élu il présiderait à un accord de paix. M.Netanyahu, qui avait vu dans la victoire de son «ami, le président Trump» une «chance formidable» pour Israël, devra toutefois confronter les promesses du milliardaire américain avec la réalité encore floue de sa politique sur le conflit. M.Netanyahu est sous pression de la frange la plus dure de son gouvernement favorable à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie, occupée depuis 50 ans par Israël. Il «doit arriver en présentant la solution à deux Etats comme une vision et esquisser, en attendant, de possibles accords intérimaires acceptables par les Palestiniens», avait indiqué son conseiller diplomatique Michael Oren avant de se rendre à Washington. M. Netanyahu a dîné mardi soir avec le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, avant d'avoir, hier, les honneurs de la Maison-Blanche et des dirigeants du Congrès. Il a qualifié cette première rencontre d' «excellente» sur Twitter: «L'alliance américano-israélienne a toujours été forte, et elle est en passe de se renforcer». Le président Trump a toutefois modéré ses propos de campagne après son entrée à la Maison-Blanche le 20 janvier. L'exécutif américain a posé depuis des limites à la colonisation dans les Territoires palestiniens, tout en disant ne pas avoir de position définitive sur le sujet. Et le président a prévenu vendredi dans un journal israélien que l'expansion des colonies n'était «pas bonne pour la paix». Mais ce «n'est pas suffisant», avait alors taclé, avant les déclarations du responsable de la Maison-Blanche, le numéro deux de l'OLP Saëb Erakat. Donald Trump doit «dire à Netanyahu ça suffit la colonisation'' afin de conserver l'option de la solution à deux Etats».