Revirement n La Maison Blanche a marqué une rupture hier soir sur le règlement du conflit israélo-palestinien en annonçant ne plus être arc-boutée sur la solution à deux Etats, à la veille d'une rencontre entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu. Cette solution dite à deux Etats sert depuis des décennies de référence à la communauté internationale pour tenter de trouver un accord de paix au Proche-Orient. Un responsable de la Maison Blanche a signalé une rupture avec ce principe : il a expliqué que les Etats-Unis n'insisteront pas sur une solution à deux Etats entre Israël et les Palestiniens. «Une solution à deux Etats qui n'apporte pas la paix est un objectif que personne ne cherche à atteindre», a déclaré ce responsable. «La paix est l'objectif, que cela soit sous la forme d'une solution à deux Etats si c'est ce que les parties veulent, ou quelque chose d'autre si les parties le veulent», a-t-il précisé. «Nous ne dicterons pas les termes de ce que sera la paix», a-t-il insisté. Le principe de deux Etats «vivant côte à côte en paix et en sécurité" a été défendu depuis un demi-siècle par tous les présidents américains, démocrates comme républicains. Pendant la campagne, Donald Trump s'était clairement affiché pro-israélien, tout en affirmant que s'il était élu il présiderait à un accord de paix entre l'Etat hébreu et les Palestiniens. M. Netanyahu, qui avait vu dans la victoire de son «ami, le président Trump» une "chance formidable" pour Israël, devra toutefois confronter les promesses du milliardaire américain avec la réalité encore floue de sa politique sur le conflit israélo-palestinien. Sous pression de la frange la plus dure de son gouvernement de droite et favorable à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie occupée, Benjamin Netanyahu comptait dire à Donald Trump qu'il soutenait toujours une solution à deux Etats. Le dirigeant israélien "doit arriver en présentant la solution à deux Etats comme une vision et esquisser, en attendant, de possibles accords intérimaires acceptables par les Palestiniens", avait indiqué son conseiller diplomatique Michael Oren avant de se rendre à Washington. En quittant Tel-Aviv lundi, M. Netanyahu avait réaffirmé que «l'alliance avec les Etats-Unis avait toujours été extrêmement forte et qu'elle allait l'être "encore plus». Le président Trump a toutefois modéré ses propos de campagne après son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier. L'exécutif américain a posé depuis des limites à la colonisation dans les Territoires palestiniens, tout en disant ne pas avoir de position définitive sur le sujet. Et le président a prévenu vendredi dans un journal israélien que l'expansion des colonies n'était «pas bonne pour la paix». Mais ce «n'est pas suffisant», a taclé le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat, avant les déclarations du responsable de la Maison Blanche. Donald Trump doit dire à Netanyahu «ça suffit la colonisation afin de conserver l'option de la solution à deux Etats», a-t-il martelé. Pour Robert Satloff, analyste au Washington Institute for Near East Policy, «vu le fossé sans précédent entre les deux camps, les conditions d'un accord de paix ne sont pas réunies». L'expert conseille à Washington une politique des petits pas entre Israël et les Palestiniens, plutôt que de «pousser pour la reprise de négociations bilatérales à la recherche d'une solution globale» au point mort depuis près de trois ans.