la démission de Michael Flynn, chef du Conseil de sécurité nationale, a induit remous et cacophonie à Washington La Maison-Blanche tente de calmer la tempête née de la démission du chef du Conseil de sécurité nationale Michael Flynn, mais les interrogations subsistent sur les relations passées - et futures - de l'équipe de Donald Trump avec la Russie. Moins d'un mois après sa prise de fonctions, et quelques jours après un revers judiciaire cinglant sur l'immigration, le président républicain de 70 ans a été contraint de se séparer du personnage central de son équipe rapprochée sur les affaires étrangères, qui fut aussi l'un des piliers de sa campagne. Mis en cause pour le contenu de ses conversations téléphoniques avec l'ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kislyak et la façon dont il les avait relatées au vice-président élu Mike Pence, le général Flynn a jeté l'éponge lundi soir. C'est dans ce contexte que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov rencontrera aujourd'hui son nouvel homologue américain Rex Tillerson pour la première fois à l'occasion du G20 à Bonn (Allemagne), a annoncé hier le ministère russe des Affaires étrangères. Si M.Trump a pris la parole plusieurs fois mardi, il ne s'est jamais exprimé sur le sujet qui tenait Washington en haleine. Son porte-parole, Sean Spicer, a lui reconnu que le président avait été informé par le ministère de la Justice il y a plusieurs semaines déjà sur les interrogations concernant les appels du général Flynn. Mais, a-t-il assuré, la Maison-Blanche a déterminé que le général Flynn n'avait en aucun cas violé la loi. «Ce n'était pas une question de droit, c'était une question de confiance», a-t-il martelé. Détail troublant: Mike Pence n'avait pas été informé par le président et a donc appris l'affaire par la presse jeudi 9 février. Mardi soir, dans son édition électronique, le New York Times a affirmé que l'équipe de campagne de Trump avait eu des contacts répétés avec de hauts responsables des services de renseignement russes avant son élection. Le tout serait prouvé par des conversations téléphoniques enregistrées et des registres de conversations téléphoniques. «Intox», a réagi hier le Kremlin. «Ne croyez pas les informations des journaux, il est très difficile en ce moment de les différencier des intox et canulars», a affirmé son porte-parole Dmitri Peskov. Le seul membre de l'équipe de campagne du président Trump à être identifié par le quotidien new-yorkais est Paul Manafort, ancien consultant politique en Russie et en Ukraine. «C'est absurde», a réagi celui-ci auprès du journal: «Je n'ai jamais parlé en connaissance de cause avec des membres des services de renseignement russes (...)». Conscient que l'épisode pourrait laisser des traces, après une campagne au cours de laquelle le magnat de l'immobilier avait à plusieurs reprises tressé des lauriers au président russe Vladimir Poutine, l'exécutif a tenté d'envoyer des signaux contraires mardi. «L'ironie est que le président a été incroyablement ferme face à la Russie», a ainsi affirmé Sean Spicer, à la peine cependant pour appuyer ses dires. La question est politiquement sensible: la Russie est l'un des rares sujets qui a provoqué de réelles tensions entre Donald Trump et les élus républicains du Congrès. «La démission du général Flynn est une indication troublante du dysfonctionnement actuel de l'appareil de sécurité nationale», a souligné le sénateur républicain John McCain. Lors de ses discussions téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie, en décembre, Michael Flynn avait déjà été désigné à ce poste-clé de conseiller à la sécurité nationale, mais l'équipe Trump était encore en pleine période de transition. Au moment même où l'administration Obama ordonnait des sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans l'élection américaine, Michael Flynn a-t-il assuré à son interlocuteur qu'il ne fallait pas s'inquiéter et que les relations s'amélioreraient après l'investiture le 20 janvier? La Maison-Blanche a farouchement contesté que Trump ait pu lui donner de telles instructions: «Non, absolument pas. Non, non, non», a répondu son porte-parole. Selon le New York Times, Michael Flynn a été entendu par le FBI dans les jours qui ont suivi la prestation de serment de Donald Trump. S'il s'avérait qu'il avait aussi menti alors à la police fédérale sur le contenu de ses conversations, il pourrait s'exposer à des poursuites judiciaires. Pour l'heure, le général à la retraite Joseph Kellogg a été désigné pour assurer l'intérim. Le vice-amiral Robert Harward, ancien commandant adjoint du Commandement militaire central, et le général David Petraeus, font partie des noms les plus cités pour remplacer Michael Flynn. Mardi, un autre général, en exercice lui, n'a pas mâché ses mots pour décrire son inquiétude. «Notre gouvernement continue à être dans une incroyable tourmente», a déclaré le général américain Tony Thomas lors d'une conférence.