Le dossier de la colonisation est plus que jamais ouvert et pourrait s'imposer comme l'un des thèmes phares de la campagne pour la présidentielle en France. Emmanuel Macron s'est adressé aux Algériens et aux Français. Surtout aux Français. Ses millions de compatriotes qu'une petite minorité de politiques veut maintenir dans l'ignorance de l'histoire de leur pays. Le candidat à l'élection présidentielle française a fait montre d'un courage que l'actuel président et ses prédécesseurs n'ont pas eu face à la déferlante de critiques à la moindre allusion au rôle de la colonisation en Algérie. Contrairement à François Hollande et Nicolas Sarkozy qui s'étaient dépêchés à arrondir les angles auprès des ultras de l'Algérie française, Emmanuel Macron s'est exprimé en France même et assumé les propos qu'il a tenus à Alger. François Fillon qui a dénié au candidat du mouvement «En marche» la stature de président de la République française en raison de sa déclaration sur la colonisation, et la famille Le Pen qui l'a simplement accusé de trahison au motif qu'il dit ce qu'était le visage de la présence française en Algérie, ont certainement reçu la surprise de leur vie, à entendre Emmanuel Macron réaffirmer sa position à l'égard de ce pan de l'histoire de son pays. De fait, «les choses ne sont pas rentrées dans l'ordre». L'on n'est pas retourné à la normalité du discours politique sur la question du passé colonial de la France. Un politique a osé répliquer aux Le Pen et autres ténors d'une droite encore complexée. Le dossier de la colonisation est plus que jamais ouvert et pourrait s'imposer comme l'un des thèmes phares de la campagne pour la présidentielle en France. Cette fois, le candidat qui tente le débat s'y est préparé. Il a l'âge d'en parler sans complexe et plus que cela, l'homme s'est bien documenté avant de rouvrir la plaie pour la soigner une bonne fois pour toutes. Il sait pertinemment, pour avoir toujours vécu au sein de la société française, que la question de la mémoire et de la vérité que les élites doivent au peuple, sont systématiquement détournées par une caste de politiciens. Ces derniers font écran et empêchent l'opinion française d'accéder à la vérité sur cette question précisément. Emmanuel Macron est très à l'aise dans son rôle, d'abord, parce qu'il s'adresse principalement à une majorité de Français qui n'a pas de lien direct avec la période coloniale de son pays. Les citoyens-électeurs auxquels le candidat destine son discours peuvent parfaitement comprendre la réalité et accepter très aisément le principe des excuses officielles que présenterait leur gouvernement aux peuples victimes du système colonial. Ce sont ces mêmes Français qui ont admis le principe de crime contre l'humanité lorsque leur président François Hollande l'avait appliqué à l'esclavage. La France officielle s'est excusée auprès des dizaines de millions d'être humains déportés d'Afrique aux Amériques et exploités jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'opinion française a même considéré que les excuses grandissaient leur pays, à leurs yeux et aux yeux de l'humanité. La colonisation est une suite historique, voire objective, de l'esclavage. Les conquérants européens, parmi eux des Français, ont assujetti des peuples et tué hommes, femmes et enfants par millions, dépossédé des sociétés de leur legs culturel et cultuel, réduit des populations entières au statut de sous-hommes. Emmanuel Macron sait tout cela et entend le transmettre aux Français, dans une perspective d'abord franco-française. C'est l'un des politiques de l'Hexagone qui considère que pour un épanouissement véritable, la France doit solder ses comptes avec son passé. Elle doit se dire les quatre vérités pour avancer sereinement. La société française est demandeuse de vérité profonde sur ses harkis, ses pieds-noirs, ses banlieues et cette troisième génération de «Beurs» qui continue à préférer le drapeau algérien, plutôt que le leur. Le candidat du mouvement «En marche» apporte les réponses à tous ces questionnements. La minorité de politiciens qui s'abreuve à la source d'une France haineuse et rétrograde fait barrage, au motif que reconnaître un crime, c'est faire montre de trahison envers son pays. La stratégie de passer en force du jeune candidat est certainement la meilleure méthode qui soit. Car, lorsque le débat sera véritablement public, les Français se rendront compte que Le Pen, Fillon et certains autres, ont pris en otage l'histoire de leur pays à des fins strictement personnelles.