«Heureusement que mon mari s'est opposé à la torture. Intérieurement, je ne cesse de le remercier!» Simone de Bollardière Alors que les propos de Macron sur la colonisation font grincer en France, les cinéastes sont les premiers à prendre la caméra et à recenser les premiers témoignages sur le-ras-le bol des soldats français appelés durant la guerre d'Algérie. Parmi ces documentaires, il y a le film «Retour en Algérie» d'Emmanuel Audrain qui a été projeté au cinéma le Luminor le 21 janvier dernier. Le film retrace le parcours de soldats, qui ont eu 20 ans, entre 1954 et 1962. Comme deux millions de jeunes Français, leur Service militaire ce fut la guerre d'Algérie. La torture, les «corvées de bois»... sont les blessures dont leur génération n'a pas pu parler. 50 ans plus tard, à l'heure de toucher leur retraite du combattant - certains, sortent de ce long silence. Ils se regroupent et refusent - pour eux-mêmes - cet argent de la guerre. Ils le collectent et le redistribuent à des associations algériennes. Puis, affrontant leur douleur et leur honte, ils parlent. Aux jeunes Français, qu'ils vont rencontrer dans les établissements scolaires, ils disent: «Parfois, il faut désobéir... Oser dire Non!» Cette histoire a bouleversé leurs vies. Mais - aujourd'hui - ils veulent contribuer à en écrire une autre page...solidaire et fraternelle entre les Français et les Algériens. Le réalisateur Emmanuel Audrain explique que son projet est né en 2008, quand Simone de Bollardière (la veuve du général Jacques de Bollardière), l'incite à venir à l'Assemblée générale des «4ACG» (Les Anciens Appelés en Algérie, et leurs Amis, Contre la Guerre). Ces hommes âgés ont choisi de ne pas garder pour eux-mêmes, leurs retraites de combattant, mais de les reverser à des Associations algériennes. Cette rencontre où les nouveaux adhérents de l'Association se lèvent et se présentent, évoquant chacun leur parcours algérien. En 2013, sa petite équipe a accompagné les trois Voyages de l'Association. 35 jours en Algérie, avec un matériel très discret, ils ont filmé et ont pu rendre compte, au stade du montage, que le vrai voyage de ces hommes, était bien sûr, leur voyage intérieur. Celui, qui va de leurs 20 ans à aujourd'hui. Ce long chemin, où avec coeur et intelligence, ils ont su retrouver l'estime d'eux-mêmes. Contrairement aux documentaires français produits sur l'Algérie, le film «Retour en Algérie» est une descente au coeur de la mémoire et un recueil de témoignages sur l'histoire de la guerre d'Algérie. Un film sincère et essentiel pour la réconciliation et la paix. [email protected]