Liès H. est un policier modèle à Khemis El Khechna (Alger). Trois individus sont derrière le mandat d'arrêt qui l'envoie en taule... Liès H. effectue son boulot mano-mano lorsqu'il reçoit une convocation de madame la juge d'instruction. Elle l'entend autour d'une histoire de voiture qui circulait à Boufarik et dont les services de sécurité avaient appris qu'elle avait de faux papiers. Liès H. est entendu. Il paraît que A. L. l'avait revendue à B. M. lequel l'a cédée à Liès qui s'en est débarrassé en la filant à L. Y. Au cours de la confrontation, la juge lui a déclaré: «C'est bon». Mais il n'est plus revenu ni à l'instruction ni au tribunal, ni même dans la cité des Agrumes. Et puis, tout s'écroule. Liès apprend qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt. Il se présente tout seul mais c'est le vide. Le jour de l'audience, tout est fin prêt pour des débats contradictoires. Me Zeraïa, ce dynamique membre du conseil de l'ordre, avait quitté ce mardi, les hauteurs d'Air de France, à Bouzaréah, pour la verte Boufarik où il devait défendre Liès. H., 28 ans, inculpé de faux et usage de faux (article 222 du code pénal). Il était décidé à expliquer la chose à Nassima Khetabi, cette présidente devant laquelle il allait plaider pour la première fois de sa carrière. Le dossier sentait la poudre. L'inculpé s'avance vers la barre. Me Zeraïa, du haut de ses cent quatre-vingt centimètres, le suit du regard et attend la première question de la juge laquelle lui a signifié l'acceptation par le tribunal de l'opposition. Condamné par défaut à dix-huit mois de prison ferme, Liès s'est présenté en chair et en os et de son propre gré devant le parquet de Boufarik, vider le mandat d'arrêt. Les débats avaient été renvoyés une première fois pour absence des témoins lesquels ne se sont pas encore manifestés. Ce tribunal passe outre et va au fond. Me Zeraïa est satisfait. La présidente demande à l'inculpé à qui il avait revendu l'auto où le faux avait été découvert. «Je n'ai aucun lien avec ce délit. Je n'ai rien acheté, rien revendu, ni usé de faux, rien, rien» récite Liès. La magistrate revient au délit et dit au détenu que Laouar et Bouraoui ont affirmé avoir acquis ce véhicule auprès de Liès. «Ce Laouar et ce Bouraoui sont des voisins et je n'ai jamais eu d'auto de ma vie» rappelle Liès. «Vous aviez été pourtant confronté à Bouraoui. Ce dernier a dit que quelqu'un l'avait informé que ce véhicule avait appartenu à Liès. «Et ce Liès, c'est vous» marmonne la magistrate qui a reproché au détenu de ne pas avoir répondu aux convocations du tribunal. Le pauvre bonhomme rétorque que la juge d'instruction lui avait signifié qu'il n'avait rien à voir avec ce dossier. Visiblement, un malentendu planait au-dessus de la salle d'audience et du dosser. Kedache, la procureur suivait et donnait la nette impression de ne pas avoir saisi le pourquoi de ces poursuites. Ah! Ces témoins absents. Et c'est pourquoi elle demande l'application de la loi. Des demandes à double tranchant. Me Zeraïa entre en scène, monte sur le ring et prend pour cible l'inculpation. Après un bref rappel des faits qu'il trouve sans fondements car de Laouar à Bouraoui, de l'eau aura coulé et des autos auront roulé. «Mon client n'a aucun lien avec cette histoire de faux d'autant que ce fameux Laouar a fait deux déclarations contradictoires au sujet de Liès dont le lien avec le délit est inexistant», s'est écrié l'avocat qui a rappelé que le faux a été commis par Laouar et lui seul, d'autant que son client a dit dix fois qu'il n'a jamais eu à conduire une voiture, ni possédé une quelconque carte grise. Avant de rendre hommage à la présidente, le conseil a vivement souhaité la relaxe de Liès, qui n'a encore une fois, aucun lien avec le délit de faux qui ne va pas avec son statut de fonctionnaire modèle. Nassima Khetabi, la présidente, n'a plus qu'à relaxer ce policier qui n'avait pas besoin de cette tuile. Mais justice a été rendue.