Cette artère est certainement la plus sale d'Alger. Elle porte le nom d'un illustre professeur de médecine, le professeur Vincent, mais cette rue a la particularité d'être la honte de la capitale. Une plaie béante pour laquelle aucun responsable ne semble daigner accorder la moindre importance. Et dire que l'on est en plein centre de la capitale, car cette rue aboutit à l'une des plus grandes artères commerçantes d'Alger: la rue Hassiba Ben Bouali. Pis, cette rue longe le plus grand hôpital du pays, le CHU Mustapha Bacha, un lieu où hygiène et propreté devraient être les mots d'ordre. On ne sait ce qui s'y passe à l'intérieur, mais à l'extérieur sur plus de 200 mètres, c'est le scandale en matière d'hygiène. On enfoncera le clou lorsqu'on dira que cette même rue Professeur Vincent longe aussi, l'un des plus grands lycées du pays, le lycée Omar Racim. Un hôpital où l'on dispense des soins, un lycée, où l'on inculque le savoir et la culture et au milieu, cette artère qui lâche sa puanteur et exhibe sa crasse. En effet, cela commence en haut de cette rue où depuis quelques semaines, des marchands ambulants sont venues s'installer pour vendre leurs fruits et légumes à même le sol. Ils n'ont fait que rejoindre les camelots installés là depuis des années et qui vendent n'importe quoi, du clou usé au fer à repasser ultraneuf. Dans la journée, c'est un véritable souk qui est animé alors qu'on n'est même pas à 200 mètres en aval de la rue Didouche Mourad et qu'on jouxte le fameux CHU Mustapha dont l'une des portes d'accès est tout près. Mais cela n'est rien par rapport au scénario proposé en bas de la rue Professeur Vincent. Tout au bout, là où finit le périmètre du lycée Omar Racim, les gens ne se gênent plus de venir y déverser leurs ordures ménagères et surtout tous les gravats des travaux entamés au niveau de leurs maisons et appartements. La mairie essaie bien de temps à autre d'envoyer camions et ouvriers pour nettoyer l'endroit, mais depuis un certain temps, il semblerait qu'elle ait baissé les bras. L'incivisme des gens a pris le dessus sur la collectivité locale. Le drame est que les immondices n'en finissent pas de s'entasser et très bientôt, aucun véhicule ne pourra plus passer par cette artère. Laquelle artère est empruntée par les gros engins de l'entreprise du métro qui a un chantier plus haut. On imagine le nombre de vols qui doit proliférer dans cet endroit, alors que l'hôpital Mustapha est mitoyen. L'APC du coin devrait malgré tout réagir, or le fatalisme ne mène à rien. Le maire dispose d'armes juridiques assez dissuasives pour mener la guerre à tous les tenants de l'incivisme. Il y va de sa crédibilité, sans quoi le mieux qu'il aurait à faire est de quitter la scène.