L'agence américaine contre le trafic de drogue, la DEA, a ouvert un bureau à Rabat. Un sérieux coup à la souveraineté du Maroc. Premier producteur mondial de drogue, le Maroc repose une bonne partie de son économie sur le trafic illicite. La drogue pèse, en effet, très lourd sur les finances du pays, puisqu'elle brasse un chiffre d'affaires de 23 milliards de dollars. Une très grosse manne financière qui suppose l'installation d'un cartel, d'un lobby et de centaines de milliers d'emplois à la clé. Il faut savoir que le «no man's land» économique, que le roi Mohammed VI n'évoque jamais dans ses discours, contrôle 23% du PIB du pays. Cette information rapportée par un document publié par le département d'Etat américain, ne vaut que pour 2016 seulement. Au train où va la production du kif dans ce pays, la tendance est clairement haussière, notent les observateurs de la scène marocaine. En effet, en l'absence d'une réelle volonté politique, les lobbies de la drogue sont chez-eux dans les institutions marocaines. D'année en année, le marché s'agrandit et les cartels s'enrichissent. «La production totale de cannabis au Maroc en 2015-2016 est estimée à 700 tonnes métriques», rapporte le département d'Etat dans son rapport. Au statut de premier producteur de cannabis, le Maroc s'adjuge le rôle de première zone en Afrique de transit de la cocaïne sud-américaine. Le «partenariat» entre les cartels marocains et sud-américains est d'autant plus solide que l'on enregistre d'assez faibles et épisodiques prises de cocaïne en terre marocaine. Les trafiquants colombiens profitent des réseaux bien huilés de leurs confrères pour exporter leur drogue en Europe. Le rapport du département d'Etat US s'appuie sur deux saisies record de cocaine opérées en 2016, à savoir 1230 kg et 250kg pour tirer une conclusion sur l'énorme trafic de drogues dures au Maroc. Lorsqu'on sait que sur la production estimée de cannabis, il y a dix fois plus de saisies en Algérie qu'au Maroc, on mesure l'importance de la quantité de cocaïne qui transite par le territoire marocain. Le document du département d'Etat nous apprend que Rabat a «reconnu ses limites» en matière de lutte contre la drogue. Un euphémisme pour éviter de parler de complicités au niveau des institutions du pays et du poids «horriblement» important des cartels dans la vie politique du Maroc. Le gouvernement explique son incapacité à lutter contre le trafic par «les rivalités existantes entre les agences marocaines chargées de l'application de la loi». Un état de fait qui aurait provoqué des «chevauchements des mandats en matière de lutte contre la drogue». Un argumentaire qui n'a aucun sens et confirme le noyautage des services de sécurité par les trafiquants de drogue. A bien décrypter les raisons invoquées par le rapport, l'administration marocaine est trop impliquée dans le trafic pour pouvoir faire quoi que ce soit. Ce qui explique, affirme le rapport, l'ouverture en février dernier, à Rabat, de l'administration américaine chargée de la lutte contre la drogue (DEA). Un sérieux coup à la souveraineté du Maroc. Notons enfin que dans ce pays 19.000 personnes sont en détention pour des affaires liées au trafic de drogue.