Dans sa version actuelle, cette instance n'apporte plus grand-chose au sport en Afrique. Le sport africain est appelé à faire sa mue, aujourd'hui et demain, lors de la tenue de la 20e session du Conseil supérieur du sport en Afrique. Une session que notre pays abrite pour la troisième fois (les deux fois précédentes c'était en 1986 et en 1996) depuis la création de cette institution en 1965, mais une session qui pourrait être révolutionnaire pour peu que les ministres de la Jeunesse et des Sports de notre continent sachent saisir l'opportunité qui leur est donnée de secouer un cocotier complètement rabougri et qui ne donne plus de fruit. L'heure n'est plus, en effet, aux salamalecs et aux formules d'autosatisfaction sur fond de populisme mal placé pour dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors que l'on sait que tout va de travers. Le Cssa, dans sa version de 1965 a vécu. Il a, incontestablement besoin d'un sérieux coup de lifting pour ne pas dire une remise en cause de ses principes directeurs actuels. Il y a 40 ans, de nombreux pays d'Afrique n'avaient pas encore recouvré leur indépendance. Il y a 40 ans, aussi, l'Afrique subissait les affres de l'apartheid en Afrique du Sud et en Rhodésie (aujourd'hui le Zimbabwe). Notre continent avait besoin de s'affirmer et le sport constituait un formidable vecteur de communication mais aussi de mise en valeur de ses potentialités humaines. A ce titre, le Cssa était venu apporter l'arme que recherchaient les pays africains pour combattre d'une même voix ceux qui ne les voyaient jouer que dans la cour des petits. Luttant pour son développement économique, l'Afrique a su mettre en avant son sport pour amener les grands de ce monde à la voir autrement que sous le prisme déformant de la petitesse. Grâce à ses sportifs, elle s'est forgée une image de respect et de grandeur comme elle a su livrer bataille à cette plaie qu'était l'apartheid qu'elle a contribué à détruire un de ses pans lorsque, dans un même élan de solidarité, tous les pays du continent avaient, sur recommandation du Cssa, refusé de participer aux Jeux olympiques de Montréal en 1976 pour protester contre la présence de l'Afrique du Sud raciste et de ses athlètes. Ce fut le plus gros coup d'éclat de l'instance suprême du sport africain mais force est de reconnaître que cette image de combat est révolue. L'Afrique du sport a besoin, aujourd'hui, d'un autre discours tourné sur le développement, la formation, les finances, le marketing, les inégalités, les infrastructures, etc. A un niveau supérieur, les chefs d'Etat ont pris leurs devants en mettant de côté l'Organisation de l'Unité africaine pour créer l'Union africaine qui se veut être une perche tendue vers un futur marché commun africain comme ils ont su aller vers la création d'un nouveau partenariat pour le développement durable de l'Afrique (Nepad). Les choses bougent à ce niveau, c'est un fait incontestable. Ce qui n'est malheureusement pas le cas du Cssa qui s'est «encroûté» et qui n'a pas changé d'un iota sa façon de voir les choses alors que les satellites tournent au-dessus de nos têtes et que nos enfants surfent sur le net avec une facilité dérisoire. Quand on pense que l'un des plus gros problèmes auxquels se heurte cette instance tourne autour des cotisations que plusieurs de ses membres ne daignent pas payer, on se dit qu'elle doit être remisée au placard dans sa version actuelle et qu'il est nécessaire de l'habiller d'un costume nouveau, notamment sur le plan statutaire. C'est pourquoi l'une des solutions consisterait à enterrer ce Cssa pour le transformer en un conseil des ministres de la Jeunesse et des Sports africains placé sous l'autorité directe de l'Union africaine; comme l'ont fait d'autres départements, celui du travail et des affaires sociales par exemple. Cela dit, la session d'Alger, qui va voir notre pays prendre la présidence de l'instance pour deux ans, aura à mettre en pratique les résolutions des travaux de la 3e session du comité exécutif de l'Union africaine réuni à Maputo en 2003. Des résolutions qui invitent les Etats membres à axer leurs actions de sport en faveur de la jeunesse, notamment dans la lutte contre les fléaux sociaux, contre les inégalités sociales ou contre la pauvreté. Cette 20e session sera également élective, consistant à nommer un nouveau secrétaire général, le Nigérian Ewoture Elaeye en terminant avec son 3e mandat, ce qui l'oblige à se retirer. Ce sont le Malien Fassiriman Diakité et le Zambien Sonstone Yamfw Akashiba qui brigueront le poste en sachant que leurs pays respectifs sont candidats à l'organisation des Jeux africains de 2011. Ceux de 2007 le seront, comme on le sait, par l'Algérie et une communication de l'état d'avancement des préparatifs de ces joutes sera faite à l'assemblée générale. A ce sujet, il pourrait être envisagé d'accroître les prérogatives de l'Acnoa et de l'Ucsa en vue d'amener le CIO, qui reconnaît les Jeux africains, à avoir une attention particulière sur le plan du marketing et du sponsoring sachant que de nos jours, la recherche de sources de financement est la bataille qu'il convient de mener avec beaucoup de tact.