Combats autour de la raffinerie et de l'aéroport de Ras Lanouf Selon le colonel al Mismari, ces milices islamistes sont revenues à l'assaut après quatre précédentes tentatives qui se sont soldées par autant d'échecs et il a cru bon d'ajouter que «tous les avions» dont disposent les forces de Haftar ont été «déplacés en lieu sûr». Quelques mois après que les forces dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, proche du Parlement de Tobrouk, aient pris le contrôle des principaux sites énergétiques situés à l'est du pays, voilà que des groupes armés rivaux ont repris après de féroces combats un important terminal du Croissant pétrolier que se disputent plusieurs parties. Le porte-parole des forces loyales aux autorités de l'Est, non reconnues par la communauté internationale depuis l'accord du 27 décembre 2015, le colonel Ahmad al Mismari, a révélé hier que les Brigades de Défense de Benghazi (BDB) «sont arrivées jusqu'à l'aéroport principal de Ras Lanouf» mais qu'elles se sont heurtées à une farouche résistance, malgré le fait que les «assaillants équipés de chars modernes et d'un radar pour neutraliser l'armée de l'air» dont dispose Haftar. Il a souligné au passage la perte de «deux martyrs» parmi les combattants. En septembre 2016, les troupes du maréchal Haftar avaient surpris tout le monde en s'emparant sans crier gare des quatre principaux sites pétroliers du pays, à savoir Zouitina, Brega, Ras Lanouf et Al Sedra, d'où provient la quasi-totalité des exportations libyennes de pétrole. Comme ces dernières se trouvent dans la partie nord-est de la Libye, sous contrôle de l'armée de Haftar et du gouvernement basé dans l'est auquel est lié l'homme fort de Benghazi, cette offensive avait revêtu un caractère de promenade sans conséquences, malgré les condamnations et les mises en garde de la communauté internationale.Et pour cause, ne reconnaissant que le gouvernement d'union conduit par le Premier ministre Fayez al Serraj, issu de la médiation onusienne qui a oeuvré durant toute l'année 2015, principalement, celle-ci a estimé que l'exploitation et la commercialisation des richesses pétrolières de la Libye ne peuvent se faire sans l'aval de Tripoli. Apparemment, ce n'est là qu'un voeu pieux si l'on en juge par les appétits des forces rivales qui tentent, chacune, de garder la main- mise sur ces sites pétroliers, afin de peser réellement dans le processus des négociations. Et c'est pourquoi, épisodiquement, les combats se suivent et se ressemblent, permettant tantôt à l'une et tantôt à l'autre des factions de prétendre régner sans partage sur le gâteau énergétique. Les Brigades de Défense de Benghazi, une coalition de milices islamistes chassées de la seconde ville du pays par les forces du maréchal Haftar, farouchement hostile à ces formations radicales, ont pour alliés des tribus de l'Est libyen qui ne semblent pas, cette fois, avoir participé à la «reconquête» des installations du Croissant pétrolier du pays. Selon le colonel al Mismari, les Brigades sont revenues à l'assaut après quatre précédentes tentatives qui se sont soldées par autant d'échecs et il a cru bon d'ajouter que «tous les avions dont disposent les forces de Haftar ont été déplacés en lieu sûr». La raison en est que ces avions ont effectué plusieurs frappes contre les assaillants qui auraient, a affirmé le colonel Mohamad al Manfour, chef de la base aérienne de Benina, proche de Benghazi, subi des «pertes importantes». C'est ainsi que les officiers de l'armée dirigée par le maréchal Haftar parlent de nombreuses «sorties» aériennes de jour comme de nuit, ce qui aurait entraîné l'élimination de près de la moitié des blindés et autres véhicules des Brigades islamistes. Face à cette escalade, le GNA de Fayez al Serraj a réagi par un communiqué dans lequel il proclame qu' «aucune directive n'a été donnée à une quelconque formation de se diriger vers cette zone», condamnant «avec force, toute action qui sape les espoirs des Libyens». Enferré depuis plusieurs semaines dans des «discussions» avec les autorités de l'Est, dont Khalifa Haftar, pour tenter de renforcer le processus du dialogue inclusif et surtout de moduler les institutions nées de l'accord de décembre 2015 (Conseil présidentiel, gouvernement, Parlement...), le GNA est évidemment gêné par cette intrusion brutale qui risque de saper davantage le maigre capital de confiance que s'accordent les diverses parties au conflit. Cela n'a pas empêché le GNA de prévenir qu' «il ne resterait pas les bras croisés si les affrontements se poursuivaient dans cette zone ou ailleurs», avec le risque d'une escalade fatale aux efforts accomplis durant deux ans de médiation à laquelle l'Algérie a consacré d'immenses efforts..