L'offensive du général Haftar a suscité des inquiétudes, l'émissaire de l'ONU Martin Kobler mettant en garde contre la «division» du pays. De nouveaux combats pour le contrôle du Croissant pétrolier dans l'est de la Libye, ont opposé hier les gardes des installations pétrolières aux forces du gouvernement rival sous le commandement du général controversé Khalifa Haftar. «Les Gardes des installations (pétrolières, loyales au gouvernement d'union nationale que préside Fayez al Sarraj et qui est basé à Tripoli) ont lancé une offensive et nos forces les combattent à Ras Lanouf», a indiqué Mohamad Ibset, un responsable des forces rivales. «Nous avons attaqué al-Sedra et Ras Lanouf et les forces de Khalifa Haftar tentent de nous cibler avec leurs avions», a indiqué Ali al-Hassi, porte-parole des Gardes des installations pétrolières (GIP). Les forces du général Khalifa Haftar, proche des autorités non reconnues basées à Al Beida, se sont emparées voici une semaine des quatre terminaux de la région du Croissant pétrolier (nord-est): Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra. La Compagnie nationale du pétrole (NOC) a ensuite annoncé la reprise imminente des exportations du brut. La NOC a dit qu'elle restait loyale au GNA, tout en ajoutant qu'elle appliquait «les instructions données par le Parlement», basé à Tobrouk et soutien des autorités parallèles d'Al Beida. Ces terminaux étaient contrôlés par les GIP, milice de l'Est ayant prêté allégeance au GNA. L'offensive de Khalifa Haftar avait suscité des inquiétudes à l'étranger, l'émissaire de l'ONU Martin Kobler mettant en garde contre la «division» du pays. Ainsi, le colonel Moftah al-Magarief, commandant des troupes chargées par Khalifa Haftar de protéger les installations pétrolières, a affirmé que ses combattants «ont repoussé une attaque lancée par des milices depuis l'ouest de la Libye jusqu'à la région de Ras Lanouf». Dans un pays où les exportations de brut représentent la principale ressource économique, les terminaux du Croissant pétrolier sont depuis 2011 au coeur de toutes les luttes de pouvoir. Le GNA tablait sur une reprise des exportations pétrolières pour renflouer les caisses de l'Etat, améliorer les services publics et tenter ainsi d'asseoir une légitimité chancelante. Le fait que les milices des GIP l'aient rejoint avait semblé un pas important pour réaliser cet objectif. Mais la prise de contrôle des terminaux par Haftar a inversé la donne. Tout en se disant loyale au GNA, la NOC a donc annoncé la reprise des exportations, mais en ce cas, la grande question sera de savoir à qui iront les recettes: au GNA de Tripoli ou aux autorités de Tobrouk? L'émissaire américain Jonathan Winer a soutenu la reprise des exportations pétrolières au profit du seul GNA, ajoutant que la communauté internationale interviendra si Tripoli lui demande de bloquer une cargaison quelconque. Le GNA, depuis mars à Tripoli, a été créé en fin 2015 sous l'égide de l'ONU, consacrant la mise à l'écart du général Haftar qui veut disposer d'un moyen de pression pour l'amender et réintégrer le jeu politique.