Les députés de l'Assemblée populaire nationale étaient nombreux à assister, après le f'tour, à la première séance du débat général consacrée à la réponse à la déclaration de politique générale, faite par le Chef du gouvernement, M. Ali Benflis, début novembre. Plus de 254 députés étaient inscrits pour répondre à M.Benflis et faire ainsi la critique de sa gestion au sein de l'Exécutif. Si la plupart des députés reconnaissent une certaine embellie financière due à la hausse du prix de pétrole au début de l'année, ils s'inquiètent, en revanche, de la chute actuelle du prix du baril, à la suite de la guerre en Afghanistan. Certains députés s'étonnent, d'ailleurs, que le gouvernement n'ait pas pris ses précautions, lors de l'élaboration de la loi de finances 2002, ce qui peut avoir, à l'avenir, des conséquences graves sur l'économie algérienne. D'ailleurs, parmi les thèmes qui reviennent souvent dans les interventions des députés, la relance économique, le dialogue avec les ârchs et les inondations. Sur ce point, les députés s'interrogent sur les mesures que le gouvernement entend prendre pour prévenir les catastrophes naturelles telles que celle qui a frappé le quartier de Bab El-Oued et certaines wilayas du pays. Le représentant du RND, M.Ahmed Kara, a indiqué, à ce propos, que ce qui a été dit sur l'incapacité des élus locaux à gérer les affaires de leurs localités vise essentiellement à déstabiliser l'Etat et s'inscrit dans le cadre d'une campagne électorale anticipée. De son côté, le représentant du MSP, Kamel Attach, s'étonne que la capitale ne dispose pas d'un «système» Orsec, à la suite des catastrophes naturelles. D'ailleurs, la représentante du PT, Louisa Haoune, estime que ce n'est pas une catastrophe naturelle, mais la conséquence d'une gestion catastrophique sur tous les plans, de la part de tous les gouvernements qui se sont succédé. Les autres membres de l'APN ont appelé à la nécessité d'imposer davantage la souveraineté de l'Etat dans le domaine de la gestion de la dernière catastrophe, notamment en ce qui concerne la distribution équitable de l'aide et le relogement des sinistrés. Ils ont également souligné la nécessité de créer, à l'instar de nombreux pays, un fonds national des catastrophes naturelles. S'agissant du dialogue entre le gouvernement et les représentants des ârchs, Haïder Bendrihem du parti El-Badil a déclaré que les revendications des habitants de la région sont légitimes et qu'il est reconnu aux représentants des ârchs leur esprit de tolérance et de concertation. Par ailleurs, il estime inadmissible de demander le départ de la Gendarmerie nationale de la région ce qui peut constituer une dérive importante et grave, avant d'ajouter que les représentants des ârchs ne peuvent se substituer aux partis. De son côté, le député du RCD, M.Hassen Merzougui, a déclaré que le gouvernement ouvre le dialogue avec des interlocuteurs qu'il a, lui-même, choisis, excluant les vrais représentants des ârchs dans la région de Kabylie. Une attitude qui démontre, si besoin est, une volonté du pouvoir de nourrir la division et de pousser au pourrissement dans la région. Abordant les volets économique et social, les membres de l'APN ont indiqué que l'Etat est, plus que jamais, tenu de prendre en charge les effets des mutations économiques qui affectent en particulier les catégories démunies de la société. A ce propos, le député indépendant, M.Lahbib Guidoum, a mis l'accent sur les conséquences du chômage dans la société, précisant que les chiffres du gouvernement sont plus qu'alarmants: 2.510.862 chômeurs, soit un taux de 28,89%. Par ailleurs, un député du RND préconisera la mise en place d'une politique générale de l'emploi qui passe par une démarche globale visant l'éradication du chômage. Un autre, M.Mahmoud Meraoui, dressera un véritable réquisitoire contre le gouvernement, mettant l'accent sur la faillite des responsables, indiquant que le citoyen a perdu confiance en son Etat. Enfin, tout en évoquant, avec satisfaction, la mise en place du plan de relance économique, les députés ont rappelé les problèmes de l'eau, de l'envasement des barrages et des réseaux d'eau potable qui se sont détériorés, depuis quelques années, en raison de la sécheresse. Quoi qu'il en soit, la première séance du débat général a été marquée par des critiques acerbes envers le Chef du gouvernement qui, malgré de bonnes intentions économiques, reste affaibli par une gestion politique désastreuse.