A peine passées les dernières bourrasques de l'hiver et Frikat resplendit se préparant à célébrer la Fête nationale du couscous, attendue avec impatience par la population locale. Fixée pour le 5 du mois de mai, puis reportée aux 20, 21, 22 et 23 juin prochain, la Fête nationale du couscous qui s'inscrira désormais «en gras» dans le calendrier des fêtes traditionnelles, devrait, à coup sûr, mobiliser une marée humaine, compte tenu du nombre des délégations qui s'apprêtent à y participer. Il fait beau. Le printemps s'installe et déploie une palette de couleurs éblouissantes. Mercredi 13, à 9h du matin, nous quittons la ville de Draâ El Mizan à destination de Frikat, à bord d'un taxi «clandestin», et puis, ce sont «les chemins qui montent», enveloppés par d'immenses jardins qui, sortant des rigueurs de l'hiver, s'ouvrent à la vie. Le panorama s'étend jusqu'aux monts du Djurdjura. Les rayons du soleil font scintiller les prés, mouillés par les giboulées, les végétaux éclosent à nouveau et la terre se couvre d'un tapis floral. Après environ quatre kilomètres de course, la ville natale d'Amar Ouamrane nous accueille et nous livre à la modestie et à la générosité de sa population. Le transporteur, très enchanté, se charge immédiatement de jouer le rôle de guide et nous conduit à la maison du couscous «Lahlou». C'est d'ailleurs l'organisateur officiel de l'événement et c'est là que devront se dérouler les festivités. La petite, mais admirable ville des sept colonels de la révolution, mérite le détour, pour ses panoramas, mais également pour sa période historique qui renvoie au souvenir d'Amar Ouamrane et de Krim Belkacem. Tout le long de la grande rue qui divise la ville en deux parties, des stèles sont érigées à la mémoire de ces révolutionnaires mais aussi à celle de Mouloud Mammeri et de Matoub Lounès. Beaucoup reste à faire Depuis quelque temps, beaucoup d'efforts ont été déployés pour améliorer les conditions de vie de la population locale, mais beaucoup reste encore à faire. En référence aux confessions de certains habitants de la région, l'on s'attendait à ce que la fête du couscous soit une chance à saisir pour sortir la région de son marasme, mais aussi afin de mettre en valeur toutes les richesses naturelles et traditionnelles de Frikat. L'habitation traditionnelle qui fait le charme de la ville est aussi un théâtre d'admiration. Le vent de nouveauté qui y souffle depuis quelque temps, n'occulte pas les traditions locales. «Bonne coïncidence», annonce le taximan qui s'apprêtait à nous conduire à la maison du couscous «Lahlou». Il appelle l'un des habitants qui s'avère être l'un des employés de la maison «Lahlou». Sans hésitation, il se charge de nous y conduire. Autre étape de charme. Au milieu des habitations traditionnelles, c'est un véritable musée d'art architectural. En fait, c'est la Kabylie ancienne au sens propre du terme. L'image mérite aussi qu'on s'y attarde. A quelques mètres se montre la maison «Lahlou», initiateur et organisateur officiel de la Fête nationale du couscous. Autre rendez-vous avec l'histoire, la maison est un vrai musée d'objets et de poterie traditionnelle. Le propriétaire, en sa qualité d'artisan et d'antiquaire, s'est donné pour mission de collecter et de préserver tous les objets représentant et incarnant les coutumes et les traditions ancestrales de la région. Abordant l'objet de l'escale, M.Lahlou, d'une amabilité remarquable, nous parle, sans se lasser, des préparatifs et des mesures prises afin que tout soit fin prêt pour le jour «J». D'emblée, notre interlocuteur nous explique que trois départements ministériels, représentés par les directions de wilaya, à savoir du tourisme, de l'artisanat et des PME et de la culture, collaborent à l'organisation de l'événement. D'ailleurs, développe-t-il, la commission d'organisation est constituée des quatre directions déjà citées, de quatre responsables d'APC, du chef de daïra de Draâ El Mizan, et, bien entendu, de l'organisateur agréé, M.Lahlou. A la question portant sur le report de la date de l'événement, prévue au début pour le 5 du mois prochain, M.Lahlou dira que ladite commission a décidé de retarder l'organisation de la fête pour que tous les participants et invités soient pris en charge au niveau des établissements scolaires. Lesquelles infrastructures seront libres pendant les vacances scolaires. Un signe révélateur de l'implication «directe» des pouvoirs publics et/ou des autorités locales dans l'organisation, mais aussi pour la réussite de l'événement. Une assistance qui, faut-il le dire, a été saluée longuement par l'organisateur. Aussi, ce dernier n'a pas tari d'éloges à l'égard de la population locale qui, d'après ses dires, veille à ce que toutes les conditions soient réunies pour la réussite de cette fête nationale. S'agissant du programme des festivités, l'on met en avant surtout des expositions diverses de tous les participants des 48 wilayas. «Les objets de poterie traditionnelle, de vannerie, de l'artisanat du bois et du cuivre devront nécessairement constituer des éléments entrant dans la production et la préparation du couscous et des pâtes alimentaires traditionnelles», précise M.Sid Ali Lahlou, comme pour faire la part des choses appelant de même à préserver le cachet traditionnel de l'événement. Le couscous et ses origines Notre interlocuteur nous a parlé également de l'organisation de conférences-débats sur l'histoire du couscous et ses origines, de galas artistiques et de chorales, mais aussi d'un concours pour le meilleur plat de couscous national. Quant au nombre de délégations participantes, M.Lahlou se garde d'avancer, du moins pour l'heure, un quelconque chiffre, se contentant de dire qu'«une marée humaine est attendue et que les délégations confirmeront leur participation à partir de la semaine en cours». Pareil pour les sponsors qui s'apprêtent à contribuer. Des odeurs d'un couscous traditionnel proviennent de tous les coins, faisant ainsi danser les gourmands la valse d'un grand appétit. A l'intérieur de l'élégante demeure, l'on fait la synthèse de l'art de la poterie kabyle. Dans une belle harmonie, le musée rassemble une partie de cet art, agrémentée d'objets traditionnels qui remontent à une époque très ancienne, ainsi qu'un espace aménagé représentant une petite entreprise de production de couscous, roulé à la main loin des bruits des machines. Le premier responsable de la commune a fait état d'un avancement remarquable des préparatifs. Il s'est réjoui de l'initiative, d'autant que ladite démarche pourrait, à ses yeux, contribuer à l'essor de la région. C'est presque le même avis des responsables de la daïra de Draâ El Mizan. L'un d'entre eux, explique que les autorités locales ont accueilli favorablement l'initiative et contribuent à la réussite de l'événement. Les visiteurs pourront ainsi admirer les dernières variétés obtenues par les producteurs, mais aussi déguster les traditionnelles et les dernières recettes de couscous de chaque région du pays. Ça vaut certainement le détour. Nous quittons la ville historique de Frikat et le grand bal du printemps demeure ouvert, offrant des tableaux charmeurs. L'autre rendez-vous est à partir du 20 juin. Frikat, ce témoin de l'histoire est nichée dans l'une des régions typiques où se perpétuent d'autres traditions, d'autres coutumes et d'autres merveilles...