Toute démarche réconciliatrice peut être assimilée à une perche tendue à la paix. «La réconciliation est une question qui concerne tout un chacun, et non pas un individu, un gouvernement, un parti ou une catégorie de la société.» dixit Abdelaziz Bouteflika. Aujourd'hui avec les mutations mondiales, quand bien même elle est perçue comme faisant partie de la nature humaine, la réconciliation est «devenue une nécessité plus que jamais en cette période avec ses multiples dangers et menaces pour l'homme du fait des moyens de destruction, d'extermination et de terreur», a souligné le président de la République, dans son message adressé aux participants du 6e colloque de la fondation Ben-Badis. «La réconciliation nationale, à laquelle nous avons préparé le terrain par la concorde civile, cautionnée par le peuple comme sage stratégie pour mettre un terme à la discorde, à la division et aux tiraillements, s'assigne pour objectifs de ressouder les rangs, de restaurer la cohésion, de raffermir les liens et de faire régner la fraternité et la concorde», a-t-il ajouté. Néanmoins, force est de constater que le message censé être réunificateur, semble avoir provoqué l'effet contraire au sein de la classe politique. Le message du chef de l'Etat est perçu différemment par les divers acteurs de la vie politique qui ne veulent pas perdre de vue que dans toute démarche, il faut tirer les dividendes politiques. Pourtant les partis, toutes obédiences confondues, ont de tout temps répété qu'ils plaçaient l'Algérie avant tout intérêt partisan mais sans pour autant dissocier leurs intérêts (partisans et personnels) avec toute démarche initiée par le président. Dans ce processus engagé par le chef de l'Etat, le courage politique incite à faire un choix dans le sens de la préservation de l'unité nationale et les intérêts de la nation. Or, c'est loin d'être le cas. Sinon, comment expliquer l'interprétation contradictoire faite sur le terrain par les différentes formations politiques membres de la coalition nationale du concept de réconciliation nationale? Cette discorde soulevée par l'une des incidences induites par les événements du Printemps noir 2001 a trait à la révocation des «indus élus» selon la terminologie des archs. Alors que les élus du RND ont suivi à la lettre les consignes du secrétaire général de leur parti, Ahmed Ouyahia, de remettre leur mandat au sein des APC et APW contribuant ainsi à un apaisement de la crise de Kabylie, ceux du FLN continuent de tergiverser en dépit de l'appel d'Abdelaziz Belkhadem. Pis encore, les élus du FLN ont fait front avec leurs pairs du FFS et les indépendants dans leur refus. Cela, au moment où le chef du gouvernement s'est recueilli sur la tombe de Massinissa Guermah. Ce geste, au-delà de la symbolique, est porteur d'une double dimension comme l'a relevé Ahmed Ouyahia, celle «d'accompagner le travail accompli par le gouvernement dans la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur, et d'humaniser toute action allant dans ce sens». En outre, il augure les prémices d'une réconciliation d'une paix retrouvée en Kabylie en ce sens que le geste a été interprété comme un signe d'apaisement de la part du gouvernement qui n'a ménagé aucun effort pour satisfaire la plate-forme d'El-Kseur et du coup résoudre la crise de Kabylie dans le cadre de la réconciliation nationale. En campant sur leurs positions, les élus du FLN ne semblent pas mesurer la portée de leur obstination. La réussite de la démarche réconciliatrice en Kabylie nécessite l'éradication des causes de tout fléau susceptible d'engendrer la discorde au sein de la population. S'ils avaient emboîté le pas aux élus du RND, les représentants du FLN auraient largement contribué au succès de la réconciliation nationale. Les prochaines élections anticipées sont un autre tremplin pour eux de rebondir tant leur ancrage populaire ne fait plus de doute comme l'est le développement économique de la région en particulier et de l'Algérie en général à l'orée des grandes mutations mondiales.