La cour d'assise près le tribunal d'Alger a jugé hier, à huis clos, le bras droit du cerveau des projets d'attentats à la ricine de Londres, Lekmal Boukaresse, condamné cette semaine à la prison à vie. C'est ce que nous ont déclaré hier des sources judiciaires recoupées. Mohamed Mokerba, car c'est de lui qu'il s'agit, comparaît pour «appartenance à groupe terroriste armé et actes terroristes contre des populations civiles». Même si les exécutions capitales sont suspendues en Algérie, ces chefs d'inculpation prévoient «la peine de mort selon le code pénal en vigueur dans le pays». Les mêmes sources ajoutent que «la découverte du projet d'attentat à la ricine par les enquêteurs britanniques a été rendue possible grâce à la coopération et la diligence des services algériens». Il s'agit, notamment, des précieuses informations fournies par Mokerba, interpellé en 2003 près de Relizane alors qu'il s'apprêtait, nous dit-on, à rencontrer Salim El-Afghani, émir du groupe du HDS (Houmat Daâoua Salafia), réputé très proche d'Al Qaîda. Les mêmes sources nous indiquent également que Mokerba, 37 ans, avait rencontré au Royaume-Uni Lekmal, cerveau des projets d'attentats de Londres, en 1999. Les enquêteurs devaient découvrir par la suite que Mokerba est un expert en fabrication d'armes chimiques. Il a développé ces techniques terroristes dans le camp terroriste afghan Al-Farouk à peine quelques mois avant que ne s'écroule le régime taliban dans ce pays, à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Mokerba, membre actif d'Al Qaîda, qui l'avait enrôlé et formé dans les camps afghans, faisait partie des réseaux dormants des kamikazes prêts à frapper un peu partout dans le monde. Il était rentré en Algérie en 2002 à travers les frontières marocaines sans rencontrer le moindre problème car, à cette époque, il semblait être encore ignoré des services de sécurité algériens. Il est à rappeler que l'ancien émir du Gspc, Hassan Hattab, a été jugé et condamné par contumace à 20 années de réclusion criminelle par le tribunal d'Alger pour les mêmes chefs d'inculpation. Quant à Amari Saïfi, alias Abderrezak El-Para, extradé du Tchad à la suite de son interpellation par le Mdjt, il doit être jugé à Tébessa lors de prochaine session criminelle pour les mêmes chefs d'inculpation, mais aussi pour la fameuse affaire des touristes européens enlevés dans le Sud algérien.