C'est la première fois que des élections sont organisées alors que tamazight est reconnu désormais langue officielle. C'est la première fois dans l'histoire de la région, après 1988, qu'un tel climat de désintérêt total est constaté de la part de citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou face à des élections. En effet, en dépit du fait que les principaux partis politiques activant dans la région, sont tous connectés, d'une manière ou d'une autre, à cet événement politique, logiquement important, le citoyen quant à lui n'esquisse absolument aucun signe qui montre ou démontre qu'il porterait le moindre petit intérêt à ce vote. En témoignent les sujets de discussion en vogue dans les cafés de la ville de Tizi Ouzou, à la Nouvelle-Ville et dans les villages. C'est plutôt la cherté de la vie et les mésaventures de la JSK au Championnat national, mais aussi son petit succès en coupe de la CAF, qui font la Une des débats dans les lieux publics. Il serait donc vraiment très difficile aux candidats en lice de convaincre, et avant cela de mobiliser, lors de la campagne électorale. On se demande d'ores et déjà à Tizi Ouzou comment les partisans de la participation pourraient remplir les salles où ils devraient animer leurs meetings de campagne devant une telle tiédeur de la part des électeurs potentiels. Pourtant lors des expériences électorales précédentes on assistait à un véritable branle- bas-de combat à la veille de chaque échéance électorale. Même pendant les pires années du terrorisme, la population de la wilaya de Tizi Ouzou se montrait extrêmement motivée par les événements politiques, s'agissant des élections présidentielle, législatives ou municipales ou même lors des référendums. Actuellement, les choses ont changé et les raisons sont multiples. Les citoyens ont constaté d'abord qu'en votant pour des députés, depuis l'ouverture démocratique de 1988, ils ne gagnaient absolument rien. «Une fois élus, les députés ne donnent plus signe de vie. On ne constate aucun apport concret sur le choix fait par le citoyen et ses conditions de vie quotidienne. Quand un député renoue avec la base citoyenne, c'est juste dans l'intention de briguer un autre mandat à l'APN. Au départ, après l'ouverture démocratique de 1988, les citoyens de Tizi Ouzou y ont cru un peu, surtout avec les discours innovateurs du FFS et du RCD. Mais le désenchantement a été rapide», analyse un ancien militant actif du Mouvement culturel berbère qui s'est complètement retiré de la scène politique après moult déceptions. Un autre point soulève des questionnements à Tizi Ouzou, notamment concernant les deux partis du Front des forces socialistes et le Rassemblement pour la culture et la démocratie. Il s'agit du thème de campagne qui devrait servir de locomotive à leurs discours de campagne. Jusque-là, le cheval de bataille du FFS et du RCD, a été l'amazighité. Un thème porteur qui constituait la fibre sensible des citoyens de la Kabylie. C'est la première fois que des élections sont organisées alors que tamazight est reconnu désormais langue officielle. Un fonds de commerce dont ne peuvent plus se servir les candidats des deux partis suscités. Ces derniers devraient, en effet, miser sur d'autres questions qui pourraient séduire les électeurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Une mission qui s'avère des plus complexes. Car depuis qu'ils activent sur le terrain, le FFS et le RCD ont, de tout temps, tablé sur la carte de l'amazighité qui faisait l'objet d'ostracisme et d'exclusion de la part des dirigeants depuis l'indépendance. Mais depuis le début des années 2000 et surtout 2016, tamazight est langue nationale et officielle. Que promettront les candidats du FFS et du RCD pour se distinguer des autres partis qui ont des chances à Tizi Ouzou, comme le FLN et le RND et peut-être le MPA ainsi que la liste indépendante de Nordine Aït Hamouda? On le saura bientôt. En attendant, les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou continuent d'être complètement débranchés de tout ce qui est politique alors qu'il y a quelques années, on a toujours dit et écrit que la Kabylie était l'une des régions les plus politisées d'Algérie. Autres temps, autres moeurs... politiques.