Mouloud Feraoun demeure l'écrivain algérien le plus lu Les organisateurs annoncent ainsi la tenue d'une exposition sur la vie et l'oeuvre des six inspecteurs assassinés par l'OAS (l'Organisation armée secrète), dès aujourd'hui, dans les collèges Mouloud-Feraoun et Ali Hammoutene. Le 55e anniversaire de l'assassinat du romancier Mouloud Feraoun, le 15 mars 1962, sera commémoré à partir d'aujourd'hui dans la wilaya de Tizi Ouzou, sous le thème de «les centres socio-éducatifs, une histoire, un impact sur la guerre d'Algérie». Les activités commémoratives de ce triste anniversaire sont organisées par la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou en collaboration avec la direction de l'éducation et la Fondation Mouloud Feraoun. Les organisateurs annoncent ainsi la tenue d'une exposition sur la vie et l'oeuvre des six inspecteurs assassinés par l'OAS (l'Organisation armée secrète), dès aujourd'hui, dans les collèges Mouloud-Feraoun et Ali-Hammoutene. Une autre exposition ayant trait à la même thématique est prévue à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Aujourd'hui également (mercredi), un recueillement sur les tombes de Ali Hammoutene (à Mdouha) et de Mouloud Feraoun à Tizi Hibel. Dans la même journée, dès 10 heures, on prévoit la projection du film-documentaire «OAS, un passé très présent» de Djamel Zaoui à la Maison de la culture ainsi que du documentaire «La guerre d'Algérie: aux barricades» de Peter Batty, produit en 1984. S'agissant des conférences-débats initiés à la même occasion, les organisateurs annoncent plusieurs communications à la bibliothèque principale de lecture publique. Elles seront animées par Ali Feraoun, fils de l'auteur de «La terre et le sang», Hammoutene Mohamed, médecin pédiatre et fils de Ali Hammoutene, Abdenour Abdesselam, écrivain, Mohamed Attaf, romancier, Youcef Merahi, poète... Nadia Sebkhi, romancière et directrice de la seule revue consacrée à la littérature en Algérie, Livresque, sera également présente à Tizi Ouzou pour parler de Mouloud Feraoun et de son oeuvre, apprend-on auprès des organisateurs. Cinquante-cinq ans après son assassinat, Mouloud Feraoun demeure l'écrivain algérien le plus lu. Le secret de ce succès inaltérable auprès des lecteurs réside dans le fait que Mouloud Feraoun s'est forgé un style d'écriture littéraire propre à lui, caractérisé par un vocabulaire simple une grande précision et rare maîtrise dans la description de la Kabylie sous tous ses aspects. Une Kabylie où il est né le 8 mars 1913 et a grandi et passé la plus grande partie de sa vie. Mouloud Feraoun n'a quitté sa région natale que pour poursuivre ses études ou encore pour fuir la menace qui pesait de plus en plus sur lui vers la fin de la guerre tel qu'il le raconte lui-même dans son journal. De son enfance de paysan pauvre, Mouloud Feraoun a tiré l'un de ses chefs-d'oeuvre qui est aussi son premier roman: «Le fils du pauvre». Et l'expérience de son père, émigré en France, lui inspire ses deux autres romans: «La terre et le sang» et «Les chemins qui montent». Dans ces deux romans, à l'instar du «Fils du pauvre», on y retrouve de larges éléments autobiographiques comme l'histoire de son père, qui, depuis le début des années 1900 a été obligé d'émigrer en France métropolitaine afin de nourrir ses enfants et sa famille car la Kabylie était sans ressources. Dans «La terre et le sang», on retrouve, décrit avec le génie littéraire de Mouloud Feraoun, l'épisode où le père de ce dernier a été victime d'un accident de travail. Son travail d'instituteur ne lui laissait pas trop de temps pour écrire. C'est pourquoi, Mouloud Feraoun n'a publié de son vivant que trois romans et un journal ainsi que des nouvelles et autres textes. Son premier roman, «Le fils du Pauvre» a été écrit en 1939 et publié à compte d'auteur puis réédité chez le Seuil. «Le fils du pauvre» obtient à l'époque de sa sortie le Grand Prix de la ville d'Alger. Ce n'est pas seulement «Le fils du pauvre» qui est récompensé puisque, quand «La terre et le sang» est édité en 1953 aux Editions le Seuil, il reçoit aussi un autre prix. il s'agit du Grand Prix du roman populiste. Puis, en 1957, l'écrivain de Tizi Hibel édite «Les chemins qui moment», un véritable hymne à l'amour, mais aussi une réelle radiographie de la haine qui prévalait dans la société à l'époque. En plus de ces trois romans, Mouloud Feraoun est l'auteur d'un recueil de traduction de poésies de Si Mohand Ou Mhand, «Les poèmes de Si Mohand», d'un Journal mais aussi du célèbre «Jours de Kabylie» où il décrit avec minutie, plusieurs scènes de la vie quotidienne dans le village kabyle. Ce n'est qu'en 2007, que «la Cité des roses», un roman inédit de Mouloud Feraoun est édité. Mouloud Feraoun est plus qu'un écrivain en Algérie. C'est une légende de la littérature et un symbole du savoir et de l'instruction. Fouroulou, dont il raconte l'histoire dans «Le fils du pauvre» est le personnage de roman le plus célèbre en Algérie. C'est dire à quel point Mouloud Feraoun a réussi à pénétrer les coeurs de ses lecteurs.