C'est devenu presque un rituel devant les bureaux de poste des communes de la daïra de Draâ El Mizan où l'attente pour toucher sa pension ou sa retraite n'est pas du tout une sinécure. En effet, partout, que ça soit du côté de Aïn Zaouia, de Frikat ou d'Aït Yahia Moussa, ce sont les mêmes scènes qui heurtent le regard à chaque fois que les échéances de versement des paiements, notamment celles concernant la catégorie des ayants droit et autres retraités, pointent à l'horizon. Cette situation qui est loin d'être exceptionnelle tend à se reproduire d'une manière constante, et en plus, à longueur d'année. Elle est le fait dans la plupart des cas du manque de liquidités pour répondre à la demande des prestataires. En outre, au-delà de ce manque signalé, il faut dire que le climat sécuritaire et la prolifération de la grande délinquance dans cette partie de la Kabylie, ont rendu difficile l'acheminement des fonds vers les centres payeurs, d'où la fermeture de l'agence postale de Bouhani, et celle du village Illalen. En l'état actuel des choses, les guichetiers de ces établissements du service public sont confrontés en permanence à la grogne des citoyens, se conjuguant en certaines occasions aux coups de colère accompagnés souvent d'un sentiment d'injustice et d'impuissance face à la lassitude que provoquent les longues journées d'attente pour percevoir ce qui est de surcroît un dû. Cet état d'esprit d'abattement, on peut facilement le concevoir parmi les handicapés, les veuves et les filles de chahid qui, à même le sol, prennent place dès les premières lueurs de la matinée en dehors des enceintes de ces bureaux de poste, et cela pendant toute la semaine. Pis encore, au vu de l'éloignement des chefs-lieux de communes, les prestataires dont la majorité souffrent de leur âge avancé, sont contraints de louer un transport à chaque fois, engendrant ainsi des frais onéreux pour leurs familles. En somme, même si les responsables des P et T affirment ne pas être responsables de cet état de fait, cela ne peut nullement expliquer l'anarchie qui prévaut à l'intérieur des postes dès qu'on annonce l'arrivée des fonds du fait de l'absence remarquée d'organisation ainsi que du non-respect de l'ordre des priorités, surtout lorsqu'il s'agit des plus vulnérables.