Le nombre de décès suite à un asthme sévère est de 2 000 par an et touche principalement la tranche d'âge des 15-25 ans. Pas moins de 8 millions, soit un taux de 30% de la population algérienne, sont atteints de maladies respiratoires aiguës en 2004, dont 12 % sont dépistées à Alger, et 10% à Annaba et Oran. Ces chiffres, qui restent effrayants, ont été communiqués par le professeur Salim Nafti, chef de service à la clinique des maladies respiratoires de l'hôpital Mustapha, lors des Journées nationales de pneumo-phtisiologie, ouvertes hier à Alger. Le spécialiste indique, par ailleurs, que le nombre de décès suite à un asthme sévère est de 2000 par an et touche principalement la tranche d'âge se situant entre 15 et 25 ans. Les principales causes de ces décès, indique le professeur, sont dues à la mauvaise prise en charge des patients et à l'automédication. Plusieurs facteurs sont à l'origine de la prolifération des maladies respiratoires dans notre pays. La première cause, selon le spécialiste, incombe à la dégradation de la qualité de l'air qui est due à l'émanation des gaz toxiques et des gaz brûlés des véhicules. «Ces gaz dont la quantité est estimée entre 8 à10 millions de tonnes par an, sont chargés de plomb et de particules nocives à notre santé» a indiqué le professeur. La population des grandes agglomérations, où est concentré le plus grand nombre de véhicules et d'industries est la plus exposée à ce genre de maladies dites chroniques. La deuxième cause à l'origine de ce genre de maladies reste, selon notre interlocuteur, le tabagisme. Les enfants et les personnes âgées sont les plus touchées par cette pathologie du moment que les recherches faites dans ce domaine révèlent que cette maladie est plus répandue chez les enfants dont l'âge se situe entre 0 et 12 ans et les personnes dont l'âge dépasse les 60 ans. «Malheureusement, se désole le professeur, 5% des ces malades meurent pour n'être pas convenablement pris en charge». Il est vrai que ces maladies coûtent énormément d'argent à l'Etat, mais il suffit seulement, s'accordent à dire les spécialistes, d'une prise en charge rapide du malade dès que la pathologie est dépistée afin d'éviter que le mal ne se développe et devienne encore plus difficile à supporter. «Nous tentons par cette rencontre de trouver une approche politique de la santé respiratoire qui se traduit, en fait, par la prise en charge des malades dans des structures de base», explique le Dr Nafti. Le professeur est convaincu que le nombre des spécialistes dans les maladies respiratoires, qui est de 800 médecins, est largement suffisant pour prendre en charge ces malades. Le seul problème qui se pose actuellement réside dans leur répartition à travers le territoire national. «80% de ces spécialistes sont concentrés dans les grandes métropoles au nord du pays», dit-il. Pour remédier à cette réalité, l'orateur préconise aux responsables du secteur de motiver davantage ces spécialistes, afin de les drainer vers ces zones enclavées. «Afin d'encourager un spécialiste à s'installer dans ces zones isolées il faut le motiver», explique M.Nafti. Ce n'est pas tout, selon le professeur, les médecins généralistes doivent également donner un coup de main à ces spécialistes et ce, à travers une formation dans ce domaine. «Depuis deux ans, et dans le cadre d'un programme de l'OMS, un projet pilote de formation des généralistes a été lancé dans cinq wilayas, à savoir Alger, Annaba, Setif, Oran et Relizane. Les résultats commencent à être palpables» explique-t-il. Abordant le chapitre des malades tuberculeux, il ressort, selon le professeur, qu'en Algérie ils sont 50 à 60 cas pour 100.000 habitants. Les mauvaises conditions socio-économiques du malade sont les vectrices de cette maladie grave. A notre interrogation concernant le pourquoi du non-remboursement total des ordonnances de ces malades pourtant considérés comme chroniques, le Dr estime que le remboursement ne peut toucher que les patients souffrant de maladies respiratoires aiguës. «Il est irrecevable que l'Etat prenne en charge tous les malades chroniques. De toute façon, les ordonnances les plus lourdes sont celles qui relèvent des maladies aiguës», se contente-t-il de dire sans vouloir s'étaler davantage.