Les achats de l'Aïd el-Fitr ont commencé les premiers jours du Ramadan. Les familles constantinoises sillonnent quotidiennement la ville et ratissent toutes les boutiques afin de vêtir leur progéniture. Dès les premières heures du matin, hommes et femmes accompagnés de leurs enfants font du lèche-vitrine. Première destination, la rue de France, lieu de prédilection des trabendistes. Ici tout se vend à des prix très étudiés. Les policiers ont du mal à évacuer cette avenue. Cela fait presque dix ans que les trabendistes jouent au chat et à la souris. Les représentants de l'Etat, et après plusieurs tentatives de déraciner les vendeurs à la sauvette, ont fini par céder et laisser les jeunes écouler leurs marchandises en toute quiétude et cela au détriment des commerçants qui payent leurs impôts. Ici, la tenue d'un enfant est proposée à un prix très abordable (une paire de chaussures, un pull en laine et un pantalon sont cédés à 1400 DA). Par ailleurs, dans les boutiques sont affichés des prix plus élevés que ceux pratiqués par les trabendistes. Pour s'acheter une tenue, pour un enfant, il faut débourser entre 3000 et 3500 DA. Les plus démunis s'acharnent sur les vêtements étalés au niveau de l'ex-galerie et le marché de la friperie situé à Daksi, là où avec 800 DA, on peut vêtir un enfant des pieds à la tête. A Souk El-Asser, les commerçant proposent de la marchandise made in Syria. Une variété de robes très à la mode qui sont proposées à des prix allant de 3500 à 4500 DA l'unité. A noter, en outre, que les hommes préfèrent faire leurs achats vestimentaires au niveau du fameux quartier Rahbet El-Djemel (place des chameaux), où sont vendus des produits importés de France, Turquie et d'Italie. Les prix sont inabordables, la paire de chaussures est proposée à 5000 DA, la veste à 7000 DA, et le pantalon à 3500 DA. Il faut être riche pour faire des achats dans ce quartier. Contrairement à bas «Souika» à proximité des pompiers, les tenues exposées à même le sol sont proposées à des prix plus abordables. La majorité des Constantinois s'approvisionnent dans ce petit marché occasionnel, parce que les prix affichés sont à la portée des petites bourses. Malgré les pluies enregistrées ces derniers jours, les marchés éparpillés çà et là ne désemplissent pas. Pour les pères de famille, l'essentiel est de trouver une tenue pour l'Aïd, avant que les stocks ne s'épuisent, nous a affirmé un concerné. Les Constantinois durement affectés par le malheur qui a frappé des centaines de familles algériennes n'ont pas le coeur à la fête.