Les chaînes de télévision privées dont certaines montrent un manque flagrant de professionnalisme dans l'exercice de leur métier Les rappels à l'ordre lancés aux télés privées viennent conforter les dernières décisions prises par le ministre de la Communication. Sans concession aucune, le président de la Haute Instance de surveillance des élections, Abdelwahab Derbal n'a pas ménagé les chaînes de télévision privées dont certaines montrent un manque flagrant de professionnalisme dans l'exercice de leur métier. Derbal trouve les critiques de ces chaînes, «souvent non justifiées», il a recensé les bourdes et les manquement graves à même de déstabiliser l'opération de vote. Devant les journalistes qui l'interrogeaient, mercredi, en marge du séminaire ayant regroupé, à l'hôtel El Djazaïr, à Alger, les membres de la commission, le président de la Hiise a perdu son sang-froid «Ce n'est pas vrai. Votre chaîne m'a fait dire ce que je n'ai jamais dit...» dénonce-t-il rappelant qu'il «milite pour la démocratie depuis 20 ans. J'ai eu à traverser des moments difficiles», avant de dénoncer: «Mon épouse a été séquestrée et beaucoup nous collent leurs saletés sur le dos. Nous ferons tout pour mener le pays vers la démocratie et nous nous attaquerons à ceux qui clochardisent le scrutin...». Excédé, il remet à sa place un journaliste qui se demandait comment cette commission composée de 400 membres pourrait-elle contrôler 50.000 bureaux de vote. «J'ai déjà éclairci la mission de la Haute Instance. Ma mission n'est pas facile. J'ai la lourde responsabilité de veiller sur le bon déroulement du scrutin. J'ai moi-même demandé à ce que le tirage au sort se déroule à Alger et sans dépense d'argent.» Ayant vidé son sac, Derbal se calme et appelle ces chaînes de télévision à plus de sagesse: «Nous vivons dans un environnement extrêmement sensible et les changements qui se préparent n'augurent rien de bon pour le pays.» Ces rappels à l'ordre viennent conforter les dernières décisions prises par le ministre de la Communication. En effet, pour éviter toute mauvaise surprise durant cette échéance électorale cruciale, Hamid Grine a cru nécessaire de clarifier ses positions et de ce fait anticiper sur les événements. Les médias nationaux ainsi que les chaînes de télévision qui ont des bureaux accrédités en Algérie, ont été destinataires de deux circulaires où sont rappelées les règles d'éthique professionnelle et la nécessité de les respecter dans leur couverture médiatique à l'occasion des élections législatives du 4 mai prochain. Ainsi, les chaînes de télévision publiques et privées ont été destinataires d'une charte pour une couverture médiatique éthique et équitable des élections. L'objectif étant d'assurer un maximum de transparence durant ces élections qui ont ceci de particulier: elles interviennent à deux années de la présidentielle de 2019 et elles vont redessiner le champ politique national. C'est ainsi que «La Grine charte» suggère que les médias «doivent considérer cette prochaine échéance électorale comme un test grandeur nature qui mettra à l'épreuve leur capacité à se montrer à la hauteur de la liberté d'expression que leur garantit la démocratie». «Tous les partis ou candidats ont le droit d'accès direct aux médias sur une base équitable et non discriminatoire», ajoute la même source. Le document rappelle également aux médias de «ne rapporter de la communication des partis en présence que les contenus qui revêtent un caractère informatif». Jeudi, c'était au tour de Zouaoui Benamadi, président de l'Arav (Autorité de régulation de l'audiovisuel) de monter au créneau. En marge de sa réception au Centre international de presse à Kouba, (Alger) de l'ambassadeur et directrice du secrétariat chargé des élections au sein de la Ligue arabe il a été interpellé sur un éventuel conflit de compétences entre l'Arav et le ministère de la Communication. Zouaoui Benamadi a précisé que les prérogatives de l'Arav sont claires et bien définies. Il a néanmoins appelé à davantage de concertation. «Le dernier écrit ministériel nous a été soumis uniquement pour lecture» a-t-il dit, certainement en référence à la circulaire de Hamid Grine, laquelle a été adressée aux médias nationaux dans l'objectif de baliser leur traitement de l'ensemble du processus électoral annoncé. Mais également à «la charte pour une couverture médiatique éthique et équitable des élections législatives». L'on évoque 120 observateurs diligentés par la Ligue arabe en vue du scrutin du 4 mai prochain. Ils sont répartis sur les 48 wilayas. Selon des indiscrétions, les observateurs de la Ligue arabe auront à coeur de traquer l'intox et la rumeur susceptibles d'être relayées par les médias, au nom de la liberté d'expression. Benamadi a par ailleurs signalé les responsabilités de l'Arav à la faveur des prochaines législatives. Il a particulièrement indiqué que cette responsabilité de contrôle est à assurer vis-à-vis de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections, Hiise. «Cette responsabilité est claire et nous travaillons avec le CIP tout en recourant à d'autres apports du secteur privé spécialisé», a-t-il précisé, en poursuivant que l'Arav veille à remettre aux observateurs de la Ligue arabe toutes les informations nécessaires susceptibles de répondre à leurs préoccupations. «Nous avons une responsabilité vis-à-vis des chaînes publiques et des cinq chaînes privées accréditées», a-t-il enchaîné. Zouaoui Benamadi qui estime que les «recommandations ne peuvent remplacer la loi», poursuit en prédisant que les possibles dérapages ne seront pas prémédités et que tous les couacs seront rattrapés dans un temps record.