Le PT estime que les «réformes» du gouvernement risquent d'être «fatales» à l'Algérie. Invitée hier du forum d'El-Youm, la passionaria algérienne n'a pas failli à la «tradition». Dans un langage direct, compréhensible pour le «populo», elle a tenté, deux heures durant, de prouver que «l'orientation économique actuelle, imposée de l'extérieur, de l'aveu du président Bouteflika lui-même, risque d'être fatale pour le pays». Mais avant cela, Louisa Hanoune est revenue sur certaines des questions politiques de l'heure. C'est ainsi qu'elle a évoqué le procès Frik pour dire «ne pas pouvoir se prononcer tant que le verdict ne sera pas rendu». Cela, avant d'ajouter que «les révélations qui y ont été faites ne sont rien face à ce qui s'est passé dans beaucoup d'autres wilayas du pays». Elle cite, à titre d'exemple, «la dilapidation des terres agricoles dans la wilaya d'El-Tarf et les pressions qui sont exercées jusqu'à présent sur les fellahs afin qu'ils ne portent pas l'affaire devant la justice». Elle enchaîne, par la suite, sur les assurances fournies par la Gendarmerie nationale concernant l'ouverture de nombreuses autres affaires autrement plus importantes. Louisa Hanoune demande à voir, non sans souligner finement qu'«il serait chimérique de croire que la justice algérienne est totalement indépendante, à voir la manière dont ont été interdites des grèves, ce qui est absolument inacceptable». Elle aborde également la question de l'amnistie générale et de la réconciliation nationale pour souligner «le climat malsain dans lequel est menée une campagne par une clientèle en mal de position alors que personne ne sait encore quel sera le contenu du plan présidentiel». Elle précise, au passage, que le règlement de ce qu'elle appelle «la crise algérienne» est «une priorité» afin qu'elle cesse de servir de moyen de pression sur les autorités algériennes, comme cela a été le cas pour la loi sur les hydrocarbures. A ce titre, elle relève sa satisfaction de voir le pouvoir effectuer un pas positif en avant en reconnaissant sa responsabilité dans les affaires des disparitions forcées, avec son engagement à prendre en charge les victimes de cette situation. Pour ce qui est du remaniement gouvernemental, Louisa Hanoune, le plus sérieusement du monde, indique être moins bien informée que la presse elle-même, puisque c'est à travers elle qu'elle suit l'évolution, pour le moins chaotique, de cette question. Elle ajoute que «le refus du PT d'entrer au gouvernement est une question de principe». «Nous sommes un parti minoritaire au Parlement qui oeuvre à devenir majoritaire. Ce n'est qu'une fois atteint cet objectif que nous prendrons le pouvoir afin d'appliquer notre propre programme». Louisa Hanoune, visiblement «en colère» contre certaines dérives qui continuent de se pratiquer, s'élèvera pour indiquer vouloir joindre sa «voix» à celle de Ben Bella afin «d'en appeler à la libération de Benchicou, ne serait-ce que pour des raisons humanitaires, et en dépit du fait que le PT ne partage pas du tout les idées de ce journaliste». Pour ce qui est de la sixième incidence incluse dans le cadre du dialogue pouvoir-archs, Louisa Hanoune estime que les élus de Kabylie ont eu le courage d'éviter au pays un morcellement que beaucoup souhaitaient à l'époque. Elle ajoute que suivant les termes mêmes de la loi, «lorsqu'il y a empêchement d'un vote par la force, le résultat est validé quel que soit le taux de participation». Poursuivant plus en avant son raisonnement, elle ajoute que «si nous allons vers des partielles en Kabylie, le mandat des élus ne se terminera pas avant 2010 alors que celui des élus des autres pays s'achève en 2007».Le mieux, selon elle, serait donc d'aller vers des élections nationales, aussi bien locales que législatives, d'autant que «les assemblées actuelles ne reflètent pas véritablement la représentativité des populations». Elle a, pêle-mêle, évoqué les différentes lois qui sont en passe d'être appliquées pour en évaluer les «dommageables conséquences». Elle a, ainsi, commencé par l'accord d'association avec l'UE. Citant les déclaration de Guerrato, représentant permanent de la communauté en Algérie, elle a souligné que «pas moins de 58.000 emplois disparaîtront dès l'entrée en vigueur de l'accord, au moment où l'économie connaîtra une décélération fort significative». L'objectif européen, selon elle, outre «le contrôle qu'elle veut exercer sur notre pays», n'est pas de «délocaliser son industrie vers l'Algérie, puisqu'il existe des pays autrement plus attractifs, mais au contraire d'en faire un marché idéal pour y écouler ses marchandises». Revenant fort longuement sur la loi relative aux hydrocarbures, elle a commencé par mettre en avant «le risque certain de disparition de la Sonatrach qui vient de signer ses ultimes contrats en sa qualité de représentant de la puissance publique». Dorénavant, «l'Algérie ne percevra plus que 21 % des découvertes pétrolières, propriétés des multinationales». Selon elle, des Etats autrement mieux structurés, et qui ne font pas face à une crise aussi grave, se sont écroulés pour moins que cela. Il en irait de même dans le cas où la nouvelle loi sur la Fonction publique venait à être appliquée, induisant la suppression, directe ou indirecte, de quelque 500.000 postes d'emploi. Louisa Hanoune, qui dit que «l'espoir demeure permis», qu'il est toujours possible «d'arrêter cet engrenage mortel», précise que son parti sera le premier à mener efficacement campagne dans le cas où le président décide de redresser la barre. En attendant, le PT ne compte pas baisser les bras. Il prévoit un grand rassemblement national, le 1er mai prochain à la salle Afrique, mais aussi une journée parlementaire à propos de ce qui se passe dans le continent africain.