Le Parti des travailleurs (PT) appelle l'ensemble des fonctionnaires à se mobiliser contre la réforme du statut de la Fonction publique, qui sera au centre des discussions lors de la prochaine bipartite. Le dossier de la Fonction publique tel qu'il a été conçu par la commission mixte (gouvernement et centrale syndicale) « doit être retiré », a demandé hier Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti, lors d'une conférence de presse, à l'issue de la session ordinaire de son comité central tenue le week-end dernier. « Ce dossier nous prend à la gorge », a-t-elle souligné, précisant que l'orientation figurant dans le texte de réforme est « dangereuse ». Pour elle, si ce projet venait à être approuvé lors de la bipartite, ce serait « mortel » pour les 1,5 million de fonctionnaires. « Ils disent que ce projet de loi ne touchera pas ceux qui sont déjà en poste, mais concernera les nouvelles recrues. N'est-ce pas là une manière de nous tromper, surtout que demain ils peuvent faire sortir les anciens à la retraite ? C'est très grave ce qu'ils sont en train de préparer. La contractualisation sera fatale à la Sécurité sociale », a-t-elle prévenu. Selon elle, « la démarche du gouvernement » est synonyme d'un suicide, avant de se demander la raison de cette politique de « bradage » des richesses du pays. « Le 8 avril, les Algériens n'ont pas voté pour la privatisation. Ils ont voté pour l'intérêt du pays. Alors, pourquoi toutes ses pseudo-réformes ? », s'est-elle interrogé. Et d'ajouter : « Notre pays est confronté à un véritable rouleau compresseur le poussant vers l'effondrement, sinon comment explique-t-on toute cette cascade de réformes en cours de préparation ? » De la situation en Irak à celle de l'Algérie, la secrétaire générale du PT a brossé un tableau noir. Fidèle à son discours de trotskiste, Mme Hanoune dira que « la loi de Chakib Khelil portant dénationalisation des hydrocarbures, bloquée, vient d'être réintroduite. Ainsi, Sonatrach disparaîtrait d'elle-même, et ce serait la mort programmée du pays ». Le PT s'inquiète également sur le désengagement de l'Etat, la régionalisation de la santé et de l'enseignement universitaire par l'introduction du MLD et la dislocation du statut national. Il s'inquiète aussi quant à l'avenir de l'économie nationale devant les multinationales. « Si on poursuit cette politique, l'Algérie plongera dans des crises pareilles à celles du Zaïre et de la Côte d'Ivoire. 200 entreprises risquent de fermer et le gouvernement continue à faire des concessions au profit des multinationales », a-t-elle attesté. Elle s'interroge par ailleurs sur les engagements de l'Etat. Sur la même lancée, la secrétaire du PT manifeste son soutien aux mouvements de protestation, que ce soit à l'Ispat d'Annaba ou au Syndicat national des travailleurs de l'agroalimentaire. « Nous sommes prêts à les associer à nos actions », a-t-elle souligné. Evoquant la rentrée sociale, Mme Hanoune se pose la question suivante : « Comment peut-on héberger les étudiants dans des logements, tandis que des familles restent sans abri ? N'est-ce pas là une manière d'exacerber la crise de logement ? » Dans la foulée, le PT ne compte pas croiser les bras, mais il se dit déterminé à poursuivre sa campagne de mobilisation des travailleurs et sa collecte de signatures. Se prononçant sur la réforme du code de la famille qui a défrayé la chronique ces derniers jours, Mme Hanoune a qualifié cela de « faux débat », critiquant les partis islamistes qui exigent un référendum. « C'est un conflit religieux qu'ils sont en train de nous inventer. Pourquoi n'a-t-on jamais demandé un référendum sur la loi sur les hydrocarbures, sur la réforme de l'éduction et celle de l'hôpital ? Et pourquoi veut-on un référendum sur le code de la famille ? Le code de 1984 est obsolète. La société a bien évolué depuis. Les mentalités ont changé. Et ces gens veulent nous amener vers le chemin de la régression. Peut-on imaginer dans un pays comme le nôtre, où une femme s'est présentée à l'élection présidentielle, impose encore le tutorat à la femme et on accorde autant d'importance à la polygamie ? », s'est-elle interrogé. A l'occasion, Mme Hanoune a affirmé que son parti défend « la liberté de culte » et est contre « la codification des vies privées ». Pour son parti, la priorité « demeure, plus que jamais, la défense de la cohésion et de la souveraineté nationale ». Car, selon elle toujours, l'Algérie subit les injonctions des lobbies étrangers et les pressions de l'OMC, dans le contexte de la mondialisation.