Après quatre ans de relations tendues avec les Etats-Unis, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi rencontrera demain à Washington son homologue américain Donald Trump. M. al-Sissi attend un «nouveau souffle» dans les relations bilatérales avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Les deux hommes doivent évoquer la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui mène une lutte armée contre le pouvoir égyptien, mais aussi le conflit israélo-palestinien. La visite de M.al-Sissi à Washington interviendra deux jours avant celle du roi Abdallah de Jordanie, autre interlocuteur incontournable d'un processus de paix entre Israéliens et Palestiniens actuellement dans l'impasse. L'Egypte et la Jordanie sont les deux seuls pays arabes à avoir signé un traité de paix avec Israël. Le président palestinien Mahmoud Abbas est aussi attendu prochainement à la Maison- Blanche même si aucune date n'a été précisée. Après quatre ans de relations orageuses avec l'ex-président Obama - qui avait un temps suspendu l'aide militaire américaine de 1,3 milliard de dollars par an (1,21 milliard d'euros) en raison d'inquiétudes sur des violations des droits de l'homme -, M.al-Sissi s'attend à un retour au beau fixe avec Donald Trump. Le président américain «a une compréhension profonde de ce qui se passe dans la région et en Egypte en particulier», avait insisté M. al-Sissi juste après l'élection américaine. En janvier, Donald Trump s'était engagé à continuer d'apporter une aide militaire à l'Egypte pour lutter contre «le terrorisme». Le président américain a également épargné les Egyptiens dans son décret migratoire interdisant l'entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays arabes, actuellement bloqué en justice. Vendredi, la Maison-Blanche a indiqué que Donald Trump voulait «profiter de la visite du président al-Sissi pour relancer les relations bilatérales et renforcer les connections solides établies» lors de leur première rencontre à New York en septembre. Donald Trump n'a fait aucun mystère de son admiration pour le président al-Sissi. «C'est un type fantastique. Il a pris le contrôle de l'Egypte, vraiment pris le contrôle», déclarait-il en 2016 dans une interview à la chaîne de télévision américaine Fox Business. «Il a plaidé avec passion pour que toutes les nations arrêtent de travailler avec les islamistes», indique un membre d'une de ces délégations sous couvert d'anonymat. Pour le chef d'Etat égyptien, Donald Trump com prend bien mieux que son prédécesseur la nécessité de lutter contre jihadistes et islamistes. «Au-delà du fait que al-Sissi se réjouit du remplacement d'Obama par Trump (...), c'est l'occasion pour l'Egypte de se réaffirmer en tant que point central de la stratégie américaine au Moyen-Orient», estime Issandr El Amrani, directeur du centre de réflexion International Crisis Group (ICG) pour l'Afrique du Nord. Le Caire veut en effet conforter son rôle de médiateur entre Israéliens et Palestiniens au moment où le président américain semble mettre en cause la solution à deux Etats comme moyen de mettre fin à un des plus vieux conflits au monde. En décembre, le président al-Sissi avait fait un geste à l'égard des positions favorables à Israël de Donald Trump - qui n'était alors pas encore en fonctions - en retirant une résolution du Conseil de sécurité condamnant la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés.